
Alors que sort « Au pays du sang et du miel » d’Angelina Jolie sur l’enfer bosniaque, Emmanuelle Sabouraud, dans « Sarajevo à l’heure bosnienne », nous propose de rencontrer cinq jeunes d’aujourd’hui. Ce documentaire humaniste, réalisé dans les pas de deux jeunes photographes, Marie Färber et François Eluard, est aussi pour elle une passion nouvelle.
Aujourd’hui, le documentaire « Sarajevo à l’heure bosnienne » nous fait découvrir la ville à partir du travail des deux photographes mais il repose aussi sur les interviews que la réalisatrice a réalisées et sur les images que sa complice Florence Sagory a tournées. Emmanuelle Sabouraud a rencontré cinq jeunes trentenaires bosniaques : « Ils étaient enfants ou adolescents pendant la guerre, ils ont encore une vie à vivre devant eux, je les ai questionnés sur la vie à Sarajevo aujourd’hui, un peu plus de 15 ans après la guerre. »
Emmanuelle Sabouraud a ainsi croisé les chemins d’Amela, 28 ans, enseignante en langues et guide touristique pendant la saison ; de Lejla, 32 ans, enseignante en Français et Anglais, chroniqueuse de radio et chanteuse ; d’Amir, 30 ans, cuisinier, musicien et, à l’occasion, guide et traducteur ; d’Amra, 32 ans, journaliste de presse écrite, en recherche d’emploi depuis plus de deux ans ; enfin de Banda, 34 ans, chanteur et compositeur. (...)
Les jeunes interviewés évoquent la grave crise économique que connaît le pays. Certains d’entre eux, en dépit de l’attachement qu’ils portent à Sarajevo et à leur pays, vont être contraints d’ aller chercher fortune ailleurs.
« La vie est difficile là-bas, poursuit la réalisatrice : il n’y a pas de travail, on a vu des gens qui font les poubelles, la manche, vendent des chaussettes tricotées en bas des immeubles. Le problème n’est pas réglé, ni économiquement, ni politiquement : les accords de Dayton ont arrêté la guerre, point barre ; ces accords, qui étaient provisoires, durent depuis plus de 15 ans. La situation est tendue ; les ultranationalistes serbes essaient d’annexer la partie serbe de la Bosnie ; ça peut exploser à tout moment. »
Face à la caméra venue de l’Ouest, émerge enfin avec force la responsabilité de l’Europe. Lejla s’exprime avec émotion sur le sujet : « Pourquoi l’Europe a-t-elle été aussi absente et aussi… lâche envers la tragédie de la Bosnie-Herzégovine ? Pourquoi n’a-t-elle pas pris avec cœur, avec ferveur un engagement clair et sincère, de défendre l’humanité et de défendre l’Europe multiethnique, multiculturelle et démocratique ? » (...)