En Guyane, le projet de mine d’or géante dit de « la Montagne d’or » n’échappera pas à un débat public. Cette décision, expliquent les auteurs de cette tribune, est une première victoire pour les opposants. Qui soulignent que le projet va entraîner la déforestation, des émissions de CO2, et de fortes pollutions.
Ce qui occupe le cœur des débats en Guyane actuellement est très peu discuté en métropole : il s’agit d’un projet de mégamine d’or à échelle industrielle et à ciel ouvert, la Montagne d’or.
Ce projet titanesque promu par des entreprises étrangères se situe entre deux réserves biologiques intégrales, en pleine forêt amazonienne. Cette mine est la caricature d’un projet du passé. Si elle voyait le jour, elle serait la plus grande mine d’or jamais réalisée en France. Elle met en danger la ressource en eau de l’ensemble du bassin de Guyane, elle nécessite une déforestation et une matrice énergétique génératrices de CO2, elle engendrerait des pollutions inévitables au premier rang desquelles la cyanuration. La mine ferait courir des risques à la population, avec le stockage des déchets et de potentielles ruptures de digues qui, on l’a vu au Brésil, font tant de dégâts. (...)
Ce modèle d’exploitation des ressources naturelles non renouvelables, toujours fondé sur l’excès, prétend répondre à nos besoins prétendument croissants de matières premières. En l’occurrence, nos besoins en or. Mais s’agit-il vraiment d’une nécessité ou plutôt de la soif d’accumulation des richesses qui règne dans nos sociétés ?
Nous sommes en ce moment en Guyane pour rencontrer des populations autochtones et des associations mobilisées contre ce projet. Parmi elles, le collectif Or de question s’oppose fortement au projet Montagne d’or. (...)
Une première victoire a déjà été remportée. Mardi 19 septembre, la Commission nationale du débat public a annoncé sa décision : le projet Montagne d’or fera l’objet d’un débat public. Il se déroulera en Guyane et sera animé par « une commission particulière » qu’elle désignera à cette fin. Nous saluons cette décision car un projet d’une telle ampleur ne peut pas être décidé à huis clos. Il ne peut pas non plus être présenté au public par les seuls soins de ses promoteurs. Les arguments favorables et contraires à Montagne d’or doivent être exposés à la population par une commission neutre, évitant ainsi tout conflit d’intérêts. (...)
Alors que l’État français n’a de cesse de rappeler l’importance de la cohérence des politiques, surtout en matière de développement durable et de lutte contre le dérèglement climatique, la situation en Guyane relève d’une absurdité criante (...)
France libertés soutient le collectif Or de question et leur remettra le Prix Danielle Mitterrand le 18 novembre 2017, à Paris.