
Gilbert Achcar est un homme de conviction et d’engagement. Après avoir longtemps enseigné à Paris VIII, il est aujourd’hui professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS), l’équivalent londonien de Langues-O.
On lui doit notamment, en collaboration avec Noam Chomsky, « La poudrière du Moyen-Orient » (2007). Il a aussi publié en 2009 un livre de référence sur « Les Arabes et la Shoah », qui rétablit avec talent nombre de vérités historiques, et ce sans aucune complaisance envers certaines figures trop idéalisées du nationalisme arabe.
C’est cette rigueur dans la méthode que Gilbert Achcar applique aujourd’hui à l’interprétation de ce qu’il qualifie de « soulèvement arabe », reprenant ainsi la traduction française du terme « intifada » (...)
c’est le processus révolutionnaire qu’il s’attache à mettre en lumière, dérivant le titre de son livre du slogan phare de la contestation arabe : « Le peuple veut ».
Gilbert Achcar tord le cou aux diverses « théories du complot » qui prolifèrent, notamment chez les supposés « anti-impérialistes » (il est particulièrement critique envers Castro, Chavez et Ortega, indéfectibles soutiens de Bachar al-Assad).
Achcar démontre avec méthode que c’est justement le déclin de l’influence américaine dans la région qui a contraint l’administration Obama à accompagner un mouvement devenu irrésistible. (...)
On méditera son analyse, d’une grande sévérité à l’encontre des islamistes arabes, à l’heure où la Tunisie paie au prix fort la myopie du président d’Ennahda.
La révolution arabe n’en est qu’à ses débuts, la dimension sociale de ces mouvements va être de plus en plus affirmée, et ce n’est pas le moindre des mérites de Gilbert Achcar que de nous le rappeler dans « Le Peuple veut ».