l y a vingt-quatre ans, en 1988, Vilik Bayadyan, chrétien arménien, quitte l’Arménie avec son épouse, musulmane azérie, et leur fils, Vrej, pour ne plus subir les violences et les persécutions infligées aux couples mixtes. Ils s’installent en Russie, où naissent Arthur et Karen. Mais, en 2003, des flambées nationalistes « anticaucasiennes » les poussent à fuir vers la Grèce, puis vers la France.

Ils s’installent à Tours en septembre 2008. Mais leurs demandes d’asile sont rejetées. Pourtant, l’Arménie, pour les parents de Karen et Arthur, ne signifie rien d’autre que l’enfer. Et pour les deux lycéens qui n’y sont pas nés et n’y sont jamais allés, ça ne veut rien dire du tout, en dehors des souvenirs infernaux de leurs parents.

Le 7 décembre, Vilik, sans papiers depuis février, est arrêté près de Cholet (49). Sinistre Noël en perspective pour sa famille, qui apprend que son expulsion forcée, après dix-neuf jours d’enfermement en centre de rétention, aura lieu le 26 décembre, expulsion qui n’a d’autre « justification » que de permettre la réalisation des quotas ministériels.

Malgré une intense mobilisation, une campagne de mails et de fax adressés à Valls et aux expulseurs, le 26 décembre donc, Vilik est amené au pied d’un avion qui doit le transporter de force à Erevan, où il risque sa vie. Mais il refuse d’embarquer et est reconduit au centre de rétention du Mesnil-Amelot (77). (...)