
Ses héros ont survécu — ou pas — à des accidents d’avion et de voiture, à la noyade, à un incendie, à une tempête, à une prise d’otages, à un tueur fou, à une césarienne sans anesthésie ou encore à l’empalement par une stalactite de glace tombée d’un toit (oui, oui), sans oublier quelques divorces. Lancée en 2005, l’increvable série médicale Grey’s Anatomy (ABC) entamera en septembre sa quatorzième saison. (...)
Le Seattle Grace Hospital, établissement fictif où se déroule la série, est un bâtiment moderne, lumineux et confortable, équipé des technologies les plus pointues. À peine admis aux urgences ou installés dans leur chambre, les patients se mettent à débiter l’histoire de leur vie aux médecins qui les entourent, et dont on comprend à leur regard rêveur que ces confidences les renvoient à leurs propres questionnements. Si un cas paraît désespéré, les chirurgiens se triturent les méninges et potassent toute la littérature médicale disponible pour trouver une solution. Si un patient n’a pas d’assurance, ils s’arrangent pour le soigner à l’œil. (...)
Dans la saison 9 (2012-2013), toutefois, tout change : l’hôpital est en grave déficit. Une « tueuse de coûts » vient traquer les dépenses « inutiles » pour permettre le rachat par un groupe privé. Elle ferme des salles d’opération, chronomètre les interventions, préconise de standardiser les procédures. Des caméras de vidéosurveillance font leur apparition (...)
Au terme d’une conspiration jubilatoire, les héros, en s’alliant avec une fondation et en réunissant les indemnités perçues après un accident d’avion, finissent par racheter leur hôpital — qui, par la suite, fonctionnera quasiment en autogestion. L’intrusion de la logique du privé n’aura duré que cinq épisodes. Le public n’aurait pas toléré beaucoup plus longtemps le spectacle pénible du système qu’il doit pourtant subir dans la vie…. (