Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Le pape François invite les pauvres à « protester et se révolter »
Article mis en ligne le 4 novembre 2014

Des travailleurs ruraux du Mexique, du Mozambique ou de Palestine, des mal-logés français, des Kurdes syriens, des ouvriers métallos états-uniens, des syndicalistes brésiliens, des petits paysans turcs ou coréens, des habitants de bidonvilles indiens, des indignés espagnols, des travailleurs du recyclage sud-africains… Tout ce que la planète compte de pauvres et d’exclus étaient réunis du 27 au 29 octobre au Vatican, à l’invitation du pape François, pour une Rencontre mondiale des mouvements populaires. Un événement quasiment passé sous silence dans les médias français, et pour cause !

« Les pauvres n’attendent plus les bras croisés des solutions qui ne viennent jamais. Maintenant, les pauvres veulent être acteurs de leur destin et trouver eux-mêmes une solution à leurs problèmes », a déclaré le pape argentin Jorge Mario Bergoglio à la quarantaine de délégués de mouvements sociaux, de coopératives, d’associations paysannes et de syndicats présents. « Les pauvres ne sont pas des êtres résignés, ils savent protester, et se révolter. (…) J’espère que le vent de cette protestation deviendra un orage d’espérance. » Le pape a demandé « une terre, un toit et du travail » pour tous.
Un pape communiste ?

Le pape François semble ainsi renouer avec la doctrine sociale de l’Église. Ira-t-il jusqu’à réhabiliter la théologie de la libération portée par de nombreux évêques latino-américains dans les années 70 ? « Nous sommes au seuil d’une époque nouvelle de l’histoire de notre continent, époque clé du désir ardent d’émancipation totale, de la libération de toute espèce de servitude », proclamaient-ils à l’époque, avant que le mouvement ne soit étouffé par Jean-Paul II. Pas sûr que l’ensemble du monde catholique n’apprécie les discours progressistes du pape. Qui en est d’ailleurs conscient : « Certains, quand je demande pour les pauvres de la terre, un toit et un travail, disent que ‘le Pape est communiste’ ! Ils ne comprennent pas que la solidarité avec les pauvres est la base même des Évangiles », a-t-il d’ailleurs rappelé ce 28 octobre. (...)

Le Président bolivien Evo Morales, réélu ce 12 octobre pour la troisième fois – et largement avec 61% des voix – était également présent au Vatican. Il a lui aussi tenu un discours radical face au néolibéralisme et à la logique individuelle de profits : « L’énorme pouvoir des entreprises transnationales qui prétendent dévorer et privatiser tout — les marchandises, les services, la pensée — constitue le premier violon d’une symphonie de la destruction », a-t-il déploré. « Il faut refonder la démocratie et la politique, parce que la démocratie, c’est le gouvernement du peuple et non pas celui du capital et des banques ». Le Président bolivien a aussi appelé les mouvements populaires à « créer une grande alliance des exclus ». Un écho au discours du pape, pour qui « la solidarité est une manière de faire l’histoire ».