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André Gauron pour Alternatives Economiques
Le pacte pour l’euro, ferment de nationalisme
économiste, magistrat honoraire à la Cour des comptes et ancien conseiller de Pierre Bérégovoy au ministère de l’économie et des finances.
Article mis en ligne le 30 mars 2011
dernière modification le 28 mars 2011

La débat sur la Libye a occulté l’enjeu premier du conseil informel entre chefs d’Etat et de gouvernement qui s’est tenu à Bruxelles à la veille du week-end : l’adoption du pacte pour la compétitivité, rebaptisé « pacte pour l’euro », voulu par la chancelière allemande avec l’appui du président français.

(...) les gouvernements qui ne souscriraient pas aux objectifs du pacte et dont les Etats éprouveraient des difficultés à financer leurs dettes sur les marchés ne pourraient prétendre à l’aide du fonds européen de stabilité financière. L’Irlande en a fait l’amère expérience. Le refus du nouveau premier ministre irlandais de souscrire à l’harmonisation de l’impôt sur les sociétés, et donc de revenir sur l’un de ses engagements de sa récente campagne électorale, lui a valu le refus de la chancelière de voir réduit le taux d’intérêt du prêt accordé à son prédécesseur et la durée de remboursement allongé. A l’inverse, en acceptant les conditions qui lui étaient imposées, le premier ministre grec a obtenu ce qu’elle refusait aux irlandais : une baisse d’un point du taux d’intérêt et un allongement de l’échéance de trois ans. Chacun sait dès lors à quoi s’en tenir. (...)

Les syndicats européens ont d’ores et déjà fait connaître leur hostilité à ce pacte. A juste titre, ils redoutent qu’il ne casse une reprise économique qui s’annonçait médiocre avant même la remontée des cours du pétrole. Mais en dehors même de son contenu qui fait de l’austérité budgétaire une vertu cardinale à inscrire dans le marbre constitutionnel, ce pacte est une mauvaise nouvelle pour l’Europe. Il sacralise le pouvoir des chefs d’Etat et de gouvernement sur celui de la Commission et du Parlement européens et concrétise la victoire des intérêts des Etats sur l’intérêt collectif de l’Europe. (...)

Une telle situation n’est nullement inéluctable. Ce pacte serait-il différent dans son contenu, orienté vers la croissance que cela n’y changerait rien : la coordination des politiques économiques nationales ne constitue pas et ne constituera jamais un gouvernement économique européen. Elle en est même l’exact contraire. Il ne peut y avoir de gouvernement économique européen sans transfert au niveau de l’Union d’une partie des budgets nationaux. (...)

Le pacte pour l’euro parle de lui-même. Il incarne la défaite de l’Union européenne et d’un gouvernement économique européen qui reste à créer. (...)

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