
« On peut se demander si la sénilité est une conséquence de la sénescence, si elle ne serait pas plutôt un produit artificiel de la société qui rejette les vieillards. […]
On est même fondé à se demander si le vieux concept de démence sénile, résultat prétendu de troubles cérébraux, n’est pas à réviser complètement – et si ces pseudo-démences ne sont pas le résultat de facteurs psychosociologiques, aggravés rapidement par [des environnements] où ces malades sont livrés à eux-mêmes, privés des stimulants psychologiques nécessaires, sevrés de tout intérêt vital et n’ont plus qu’à attendre une fin qu’on s’accorde à souhaiter rapide. Nous irons même jusqu’à prétendre que le tableau clinique des démences séniles est peut-être un artefact, dû le plus souvent à la carence des soins et des efforts de prévention et de réhabilitation. »
Cet extrait d’un ouvrage que Roger Bastide écrivit en 1965 – Sociologie des maladies mentales –, cité en 1970 dans La vieillesse de Simone de Beauvoir, témoigne de ce que le souci de faire la part des choses entre une éventuelle maladie et les aspects psychosociologiques pouvant contribuer à en produire les symptômes, n’est pas récent. ...