
Marches climat et contre les violences policières annulées, interdiction de rassemblements de plus de 100 personnes... Face aux mesures prises pour lutter contre le coronavirus, le mouvement social et climatique s’adapte mais n’abandonne pas la poursuite de la mobilisation.
Les informations tombent au compte-goutte et comme pour le reste de la société, une étrange atmosphère de flottement règne sur le monde militant, qui intègre peu à peu les conséquences des mesures prises afin de freiner la propagation du coronavirus. Fermeture des établissements scolaires, limitation des déplacements et, vendredi 13 mars, dans la journée, annonce que les rassemblements de plus cent personnes sont interdits. « La mobilisation va être compliquée », constate sobrement Raphaël Pradeau d’Attac. Sur le site Démosphère, les événements militants annoncés sont peu à peu indiqués comme « annulés » ou « reportés ».
Les associations et syndicats ont pris leurs responsabilités. La marche pour le climat de Paris, qui devait avoir lieu ce samedi 14 mars, a été annulée. Les organisateurs ont expliqué que « les conditions ne sont pas réunies pour garantir la sécurité des participantes et des participants et susciter une mobilisation massive sous la forme d’une marche à la veille des élections municipales ». (...)
Ont suivi dans la journée d’hier vendredi 13 mars l’annonce, par les groupes locaux de Youth for climate France, de l’annulation de mobilisations ailleurs en France (Caen, Strasbourg, Nantes, Toulouse, Montpellier, Dijon, Lille), ainsi que de plusieurs marches pour le climat, mais pas toutes. (...)
« Ce n’est pas un épiphénomène, c’est la première fois que le mouvement des grèves pour le climat connaît un reflux depuis 18 mois », note Nicolas Haeringer, coordinateur de 350.org (...)
La marche contre les violences policières, prévue aussi à Paris ce samedi (elle devait rejoindre la marche climat) a également été reportée. « On ne pouvait pas prendre le risque de rassembler les familles des victimes de violence policière, des enfants, venant par les transports en commun dans Paris, en un même endroit », a expliqué à Reporterre Youcef Brakni, du comité Justice pour Adama, organisateur de la marche. « On doit protéger nos forces vives. Si autant d’hommes politiques sont touchés par le coronavirus, c’est qu’ils se déplacent beaucoup et rencontrent du monde. Nous les militants c’est la même chose. »
Les raisons de se mobiliser sont toujours là
« Mais on ne va pas se taire, on ne va pas confiner l’expression démocratique », revendique Malika Perrault, des Amis de la Terre. Son association était co-organisatrice de l’opération, vendredi, du « Vrai bilan de Macron ». L’action de désobéissance civile a réuni de nombreux représentants de la société civile (scientifiques, représentants d’ONG, urgentistes, Gilets jaunes, etc). 11 personnes ont été placées en garde à vue, dont trois scientifiques, le président des Amis de la Terre Khaled Gaiji, et la porte-parole d’Attac Aurélie Trouvé.
Les raisons de la mobilisation ne se tarissent donc pas, les crises climatiques et sociales se poursuivent malgré le virus. (...)