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Basta !
Le long combat des femmes birmanes n’est pas terminé
Article mis en ligne le 5 juillet 2014
dernière modification le 1er juillet 2014

La récente ouverture démocratique de la Birmanie suscite de nombreux espoirs pour le développement du pays. Les femmes en profiteront-elles ? Rien de moins sûr pour le moment, tant elles doivent encore et toujours lutter pour le respect de leurs droits. Notamment celui de prendre pleinement part à la vie politique, dans un pays où Aung San Suu Kyi demeure une figure emblématique mais encore trop isolée. (...)

selon Moon Nay Li, une militante des droits des femmes kachin, l’une des nombreuses minorités que compte la Birmanie : « Dans notre culture et nos traditions, les hommes ont le sentiment qu’il leur revient de s’occuper de ces choses-là, que c’est leur devoir » [1]. Les femmes de Birmanie qui ont choisi de s’engager contre la dictature ont donc dû aussi s’imposer dans un mouvement pro-démocratie dominé par les hommes.

Pourtant, « l’engagement des femmes dans les remises en cause du pouvoir central ne date pas d’hier, note Claude Delachet-Guillon, auteure du livre Birmanie, côté femmes [2]. Des femmes et des jeunes filles appartenant à toutes les couches sociales, des paysannes aux intellectuelles en passant par les ouvrières et les commerçantes, ont participé aux luttes aux côtés des hommes et ont subi comme eux la répression ». Un constat qui s’applique à « la période coloniale, [où] des femmes d’ethnies et de conditions diverses ont résisté aux Britanniques », comme à la période contemporaine marquée par l’opposition au régime militaire.

Une dimension dynastique

Mais la plupart des figures féminines qui ont émergé portaient l’héritage d’un homme célèbre. (...)

la société birmane « n’échappe pas au système de représentations universellement répandu, qui associe les hommes à la force et à la domination et les femmes à la douceur et à la soumission » [7]. L’inégalité est même inscrite dans le droit : si la constitution stipule que « tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans distinction de race, de religion, de statut et de sexe », elle précise également que « rien ne doit empêcher la nomination d’hommes aux postes qui sont jugés convenables seulement pour les hommes ». Le droit souligne en outre que le chef de l’État birman doit être « un familier des affaires militaires », formulation floue qui n’est pas à l’avantage des femmes, l’armée birmane étant dominée par les hommes.

Culture et droit ne favorisent pas la participation des femmes à la vie politique. On doit dès lors souligner l’effort particulier des femmes de Birmanie qui franchissent le pas de la militance (...)

Si les militantes emprisonnées sont exposées à de multiples abus, notamment sexuels, de la part du personnel des prisons, c’est dans les régions où vivent les différentes minorités nationales que la violence du régime est à son comble : différents rapports ont souligné l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes sexuels issus des rangs de l’armée. Plus effrayant encore, « les documents dont disposent les Nations unies décrivent des membres de l’armée perpétrant des violences sexuelles comme « punition » d’un soutien supposé aux groupes armés des minorités » [9]. Avec la relative ouverture politique initiée, depuis trois ans, par le gouvernement du président Thein Sein, et malgré les négociations en cours entre rébellions armées et pouvoir central (qui n’empêchent pas la persistance d’un conflit armé dans l’État kachin, au nord du pays), ces violences perdurent. Elles pourraient même être en augmentation.

Cette réalité a été mise en lumière par les rapports des organisations de la Women’s League of Burma (Ligue des Femmes de Birmanie), qui réalisent– entre autres choses – un travail remarquable de documentation des atteintes aux droits des femmes perpétrées par le pouvoir birman. (...)

le 24 septembre 2013, le gouvernement birman n’a pas voulu signer la Déclaration d’engagement à mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits initiés par l’ONU et le gouvernement britannique. (...)