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Le libre-échange et l’épidémie de malbouffe au Mexique
Article mis en ligne le 26 mai 2015
dernière modification le 21 mai 2015

Cela fait plusieurs années que les transnationales de l’alimentation ont compris que les principaux marchés qui peuvent assurer leur croissance se trouvent dans le Sud de la planète. Pour augmenter leurs profits, ils doivent « fouiller dans la pyramide », comme le dit une société privée, c’est-à-dire développer et vendre des produits destinés particulièrement aux millions de pauvres de la planète. Des gens qui ingèrent des aliments locaux produits par eux-mêmes et obtenus dans des marchés informels qui leur fournissent leur propre nourriture.

Pour atteindre ces consommateurs potentiels, les sociétés alimentaires inondent et s’emparent des canaux traditionnels de distribution et remplacent les aliments locaux avec une nourriture bon marché, transformée, la malbouffe, bien souvent avec l’appui direct de gouvernements. Les accords de libre-échange et sur les investissements sont un facteur crucial de ce processus d’accaparement, de substitution et de profits accrus. Le cas du Mexique nous présente un portrait cru et sombre des conséquences de ces transformations

Malnutrition, insécurité alimentaire et « diabésité » au Mexique

Au Mexique, la pauvreté, la faim, l’obésité et les maladies viennent ensemble. Les gens luttent pour pouvoir acheter suffisamment de nourriture pour survivre, mais en plus, beaucoup des aliments qu’ils ingèrent les rendent malades.(...)

L’obésité et le diabète s’alimentent mutuellement ; leur interaction est si forte qu’un nouveau terme a vu le jour : « la diabésité. »

« Le diabète associé à l’obésité est un grave problème de santé pour le Mexique et son coût total dans notre pays est passé de 2,970 milliards de pesos en 2003 à 8,836 milliards de pesos en 2010, soit une augmentation de plus de 290 % en sept ans seulement », a indiqué Alejandro Calvillo, directeur de l’organisation El Poder del Consumidor. « Selon l’unité d’analyse économique du ministère de la Santé, on a estimé que les dépenses totales requises pour les soins liés au surpoids et à l’obésité dans notre pays pourraient passer de presque 80 milliards de pesos actuellement à plus de 150 milliards en 2017, » a-t-il ajouté. |6|

On ne peut expliquer ces données en affirmant que : « les gens ont changé leurs habitudes alimentaires parce qu’ils ont maintenant plus de moyens et de choix, » comme le laissent entendre certains témoignages. En fait, plusieurs aliments sont imposés alors que les aliments que les gens protégeaient et produisaient en suivant leurs traditions et en répondant à leurs véritables besoins deviennent de plus en plus rares.

Les effets de l’ALÉNA

Les divers traités de libre-échange que le Mexique a signés au cours des vingt dernières années ont eu des effets importants sur les systèmes alimentaires de ce pays. (...)

Les ventes d’aliments cuits à base de farine, d’aliments vides et d’amuse-gueule, notamment les boissons rafraîchissantes, les jus et les préparations embouteillées, ont augmenté beaucoup plus rapidement que tout autre type d’aliment. Le nombre de formats de 250 ml (8 onces) de boissons gazeuses, jus et préparations embouteillées est passé de 275 par personne-an en 1992 à 487 par personne-an en 2002. |11|

Le Mexique est maintenant un des dix principaux producteurs d’aliments transformés au monde et toutes les grandes sociétés transnationales de ce secteur, comme PepsiCo, Nestlé, Unilever et Danone, ont considérablement accru leurs activités mexicaines qui étaient déjà importantes. |12|

Ces sociétés génèrent des sommes colossales. (...)