
« Petit Papa Noël, quand tu descendras du ciel, n’oublie pas de nous reloger » : Les familles de mal-logés en France
On nous avait annoncé la fin du monde pour le 21 décembre. Une angoisse sourde tenaillait les humains. Il n’en fut rien. Cette délivrance a été fêtée par chacun dans le slogan, tout est permis puisque nous avons l’éternité devant nous. La proximité avec les fêtes de Noël nous donne l’opportunité de faire le point sur la façon dont un événement majeur pour l’espérance de plus d’un milliard de chrétiens - la naissance du Christ- a, au fil des centaines d’années, été détourné de son essence originelle pour devenir en définitive un événement festif païen qui a une saveur particulière avec son hold-up par la mondialisation néolibérale qui en a fait une source de profit. (...)
L’un des marqueurs des fêtes de Noël est justement le Père Noël. Qu’en est-il exactement ? Bien que la tradition du Père Noël ait des origines en Europe du Nord, il est popularisé aux Etats-Unis au xixe siècle. La première mention du « Père Noël » en français est trouvée en 1855 sous la plume de George Sand (on parle avant plutôt du bonhomme de Noël ou du petit Jésus). Qu’il soit appelé Father Christmas ou Santa Claus en anglais, Weihnachtsmann en allemand, ou Père Noël, sa fonction principale est de distribuer des cadeaux aux enfants dans les maisons pendant la nuit de Noël du 24 au 25 novembre. (4)
Martyne Perrot écrit à ce sujet : « Si certains ne savent pas très bien ce que l’on fête à Noël, nul n’ignore le Père Noël, figure emblématique de la société de consommation. Le Père Noël a une longue histoire, associée à la fête de Noël. « Noël » a deux étymologies possibles : l’une adoptée par les chrétiens en liaison avec la naissance de Jésus ; l’autre en relation avec la célébration du solstice d’hiver, les Saturnales romaines et le culte du dieu Mithra. La généalogie du Père Noël commence au IVe siècle avec l’évêque saint Nicolas. Devenu au XVIIe siècle le fournisseur de cadeaux des enfants aux fêtes de fin d’année, il se dédouble avec l’apparition du Père Fouettard, son négatif aux noms multiples. » (5)
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Noël, Halloween, tout est bon pour le néo-libéralisme pour extraire de la valeur quand bien même il s’agit de l’espérance de milliards d’individus Cette décadence planétaire des valeurs et de la dignité humaines est due aux dégâts du néolibéralisme dans sa réussite d’imposition d’une nouvelle civilisation virtuelle qui, on l’aura compris, se construit sur les décombres de la civilisation humaine telle que nous la connaissons depuis les premiers villages édifiés, il y a 10.000 ans en Irak. Le néolibéralisme ne laisse pas intact l’individu. On comprend que les individus rendus fragiles par un quotidien sans perspective deviennent des proies consentantes du marché. Ils s’accrochent à tous les ersatz de plaisir en oubliant leur dimension symbolique. Le néolibéralisme ne se contente pas d’imposer sa vision du monde à la fois par la science et la force, il s’attaque aussi aux identités.(7)
Cette désymbolisation du monde mise en évidence par Dany-Robert Dufour, est en train de pénétrer en profondeur le tissu social. (...)
A l’autre bout du curseur, la dimension humaniste de ressourcement chrétien fait écrire à Chantal Dupille ces mots frappés de bon sens : « Noël ! Fête de Mâmon, de la bombance, de la (sur)consommation, du gavage des gens et des oies, de la débauche, de la tentation ! Comme on est loin du sens originel... je cite une lectrice, Rita Pitton : « Noël message éternel d’espérance, ²d’Amour, de fraternité » ! Jésus est né dans une étable, au milieu des animaux, il a vécu comme un SDF, sans toit, sans biens, sans vêtements de rechange.... et il a dit : « Heureux vous les pauvres » ! Le Messie tant attendu n’a pas été reconnu par beaucoup : il était venu, lui le Prince de la Paix, sur un âne, pas sur le Veau d’Or. Mon Noël, c’est le foie maigre, ou plutôt la foi, c’est la sobriété en relation avec tous les pauvres de ce monde, c’est la solidarité avec les oubliés. (...)