Au nom de la « vocation exportatrice » de la France, les ministres de l’Agriculture et du Commerce extérieur ont promis ce mardi 11 avril de trouver un moyen légal pour ne pas appliquer la décision de l’Anses.
On ne saura pas si l’offensive était concertée mais c’est l’effet que cela faisait. Ce mardi 11 avril, des députés de la majorité macroniste, de la droite et du Rassemblement national ont exigé de concert que le gouvernement revienne sur les restrictions d’utilisation de la phosphine, un insecticide hautement toxique utilisé pour traiter les cargaisons de céréales dans les cales des bateaux.
Cinq questions au gouvernement se sont enchaînées à l’Assemblée nationale pour dénoncer cette décision de l’Anses, l’organisme indépendant chargé de la sécurité sanitaire en France, qui menace une partie des exportations de céréales françaises, principalement vers des pays hors de l’Union européenne. Déclenchant une salve de promesses ministérielles, jurant de s’asseoir sur la mesure, sans aucune précision sur le cadre juridique qui pourrait permettre un tel salto arrière.
« La décision de l’Anses interpelle le gouvernement d’autant que la phosphine n’est pas interdite au niveau européen […]. Il est totalement permis de l’utiliser, notamment pour les exportations lorsque les pays importateurs requièrent son utilisation. Nous allons donc faire ce qu’il faut », a ainsi assuré le ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht.
Sur fond de guerre en Ukraine, la France s’est hissée en 2022 au quatrième rang des exportateurs mondiaux de blé. D’où le branle-bas de combat des agriculteurs, de leurs représentants et du gouvernement à deux semaines de l’entrée en vigueur de la décision de l’Anses.
Danger « aigu » pour le milieu aquatique (...)
Selon l’Anses, en plus d’être toxique par voie orale, cutanée ou inhalation, ce produit présente un danger « aigu » pour le milieu aquatique. Mais pour le député LR de l’Indre Nicolas Forissier, « une fois encore, la France s’automutile » puisque le produit n’est pas interdit dans les autres pays européens. (...)
Si elle est appliquée, la mesure interdira de facto les exportations vers certains pays africains, dont l’Algérie, le Maroc, le Cameroun ou la Côte-d’Ivoire, qui exigent une fumigation par contact direct avec les grains dans leur cahier des charges.
Plaidoyer lyrico-dramatisant
D’où un plaidoyer lyrico-dramatisant du ministre de l’Agriculture ce mardi après-midi, mêlant « vocation exportatrice » de la France et les menaces sur la « sécurité alimentaire mondiale ». (...)
« Il y a encore des clarifications juridiques à apporter, mais je puis vous garantir que d’ici au 25 avril, des décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre », a juré Olivier Becht devant les députés. (...)
Ce n’est pas le premier bras de fer entre l’exécutif et l’Anses : le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a demandé à l’agence de reconsidérer son avis sur le métalochlore, un pesticide suspecté d’être cancérigène et retrouvé en trop grande quantité dans l’eau.