l y a vingt-cinq ans, pour la première fois dans l’histoire, un traité international plaçait les enfants au cœur de la sphère politique. Avaient-ils bien mesuré la portée de leur acte, ces délégués réunis au siège des Nations unies à New York qui, le 20 novembre 1989, adoptèrent à l’unanimité la Convention internationale des droits de l’enfant, entrée en vigueur un an plus tard ?
Rien n’est moins sûr.
Ce texte ne proclame-t-il pas que, dans toutes les décisions qui le concernent, « qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale » ? Mieux encore, la Convention affirme que les Etats doivent non seulement répondre aux besoins fondamentaux des enfants dans les domaines de la santé, de la nutrition et de l’éducation, mais aussi garantir leur droit à l’identité et à la protection contre toute forme de violence. Enfin, et là n’est pas l’aspect le moins remarquable de ce traité, la Convention proclame leur « liberté de pensée, de conscience et de religion » et affirme que, dans toute décision judiciaire ou administrative prise à leur sujet, ils peuvent « exprimer librement leur opinion », celle-ci devant être prise en considération « eu égard à leur âge et à leur degré de maturité ».
Comment la « communauté internationale » a-t-elle pu en venir à se doter d’un texte aussi contraignant, chacun des pays qui l’ont ratifié étant désormais dans l’obligation d’y adapter son droit interne ? Il s’agit en effet du traité international le plus ratifié, puisqu’un seul pays manque à l’appel : les Etats-Unis. L’explication est peut-être à chercher dans l’histoire, dans la longue genèse de cette convention, qui a sans aucun doute facilité son acceptation. (...)