
Les menaces contre les auteurs se multiplient, que ce soit en France, aux États-Unis. Entre ReLIRE sous nos latitudes et l’autorisation de la Cour suprême d’importer et revendre des éditions étrangères d’oeuvres américaines, parce qu’elles sont moins chères, que la production nationale, le créateur doit se sentir bien petit, et bien seul.
(...) La diversité littéraire, dont les auteurs sont à l’origine et leur indépendance, « ne peuvent être menacés, [car] ils sont essentiels à la démocratie ». Et si les best-sellers ne souffrent pas de la crise qui frappe la réalité du copyright, les nouveaux venus et les auteurs aux ventes moyennes sont les premiers en danger.
Le cas des livres numériques devient exemplaire : alors qu’il implique des économies financières réelles pour les maisons, celles-ci ont opté, plutôt que de rémunérer mieux les auteurs, fixer des limitations sur les droits versés, à 25 % des recettes nettes. Soit la moitié de ce qu’ils touchent sur les hardcover. Les gros vendeurs ont du poids pour négocier, mais tous ne sont pas dans ce cas : les revenus diminuent à mesure que le marché numérique augmente, et le serpent continuera de se mordre la queue.
Conséquence : le marché de la contrefaçon poursuit son développement avec des sites qui proposent de télécharger des oeuvres, tout en assurant leur rémunération par le biais de la publicité. Avec la complicité - indirecte - des moteurs de recherche, les auteurs se retrouvent une fois de plus spoliés. Une contradiction intrinsèque à Google, qui en 2004 s’est mis à numériser sans droit des millions d’oeuvres. (...)
Même les bibliothèques publiques prennent part à ce grand marasme. Si les auteurs avaient un accord ancien avec elles, la question du livre numérique incarne une nouvelle violence faite aux créateurs. En incitant à emprunter des livres numériques sur lesquels les revenus des auteurs sont encore flous - et comme les éditeurs craignent pour leur modèle économique, ils refusent clairement de proposer des offres.
Alors, quand à tout cela s’ajoute le brevet d’Amazon ou d’Apple sur la vente de contenus numériques d’occasion, comment l’auteur pourrait-il se sentir rassuré dans cet univers. Le seul gagnant, au-delà des 2 $ qu’économiserait le consommateur, sera encore l’un des géants de l’économie numérique. (...)