
La Cimade vient de publier un rapport sur les dures conditions de survie des clandestins du Sahel.
(...) L’ONG de défense des immigrés vient de publier des témoignages de ces « prisonniers du désert », dans une enquête inédite sur « les conséquences des politiques migratoires européennes à la frontière Mali-Mauritanie ». (...)
« Je suis parti en pirogue de Nouadhibou (nord de la Mauritanie) en janvier 2009. Après trois jours de navigation, notre pirogue est tombée en panne de moteur et nous avons dérivé vers les côtes marocaines. Nous n’avions plus d’eau, ni de nourriture. Il y en a qui sont morts et nous les avons balancés à la mer », raconte cet Ivoirien.
« Les Marocains nous ont interceptés et violentés. Ils nous ont donné à manger pendant quatre jours, puis nous ont lancés vers la frontière mauritanienne, dans une zone minée. Certains sont morts dans le désert. J’avais la jambe enflée. Nous avons marché jusqu’à Nouadhibou, où j’ai été hospitalisé. » (...)
Cette ville portuaire mauritanienne était devenue, fin 2005, une porte d’accès vers l’Europe après les événements de Ceuta et Melilla, quand des centaines de migrants avaient tenté d’entrer en force dans les deux enclaves espagnoles au Maroc. En 2006, avec l’aide de l’Espagne, un centre de détention y était ouvert, vite appelé « Guantanamito » par la population locale et les migrants.
L’existence et le fonctionnement du centre de détention de Nouadhibou « ne reposent sur aucune base légale ou administrative », selon la Cimade. Le sort de ses pensionnaires ne fait pas de doute. (...)
En Algérie, les migrants sont détenus dans des conditions insupportables, entassés dans des cellules de quelques mètres carrés, sous-alimentés (un morceau de pain et un litre de lait pour cinq personnes par jour), puis transférés dans des camions-prisons qui les déversent dans un no man’s land. (...)