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Mediapart
Le distanciel, « un outil redoutable » pour contrer la mobilisation à l’université
#greves #manifestations #retraites #distanciel #teletravail #universite
Article mis en ligne le 23 mars 2023
dernière modification le 22 mars 2023

Poussés par le sentiment de se faire « voler » leurs lieux de travail et leur capacité de mobilisation, des universitaires lancent la bataille juridique contre le recours sauvage aux cours à distance dans l’enseignement supérieur, y compris pour éviter des occupations menées par les étudiants.

lIl a déboulé dans les universités françaises en 2020, et n’est plus jamais reparti. Le « distanciel », qui permet d’enseigner à des flopées d’étudiant·es sans mettre le pied dans un amphithéâtre, s’est non seulement banalisé, mais peut désormais être utilisé comme un outil pour « casser une grève », comme le dénoncent plusieurs enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses.

Pour y faire face, alors que le mouvement contre la réforme des retraites s’amplifie dans l’enseignement supérieur, entraînant de nombreuses fermetures administratives des universités, la bataille juridique s’engage. Le syndicat Snesup-FSU (Syndicat national de l’enseignement supérieur - Fédération syndicale unitaire) a déposé deux recours contre le passage en distanciel de 800 étudiant·es le 7 mars dernier à la demande d’un directeur de département de l’université Paris-Créteil, au motif « des difficultés de déplacement engendrés par le mouvement de grève ».

Le premier recours, en « référé-suspension » (procédure d’urgence), était examiné mardi 21 mars devant le tribunal administratif de Melun. Le second, déposé sur le fond pour « excès de pouvoir », ne passera pas en audience avant plusieurs mois. Qu’importe. Les artisans de cette première bataille juridique comptent sur un effet boule de neige et ont lancé à cet effet le collectif « Stop distanciel », à l’issue d’une large assemblée inter-facs réunissant personnel et étudiant·es à Paris-3, le jeudi 16 mars. (...)

Noé Wagener : C’est la même mécanique. Les étudiants et les personnels occupent un endroit et se font virer tout de suite, comme au campus Condorcet, et ce qui nous semble assez terrible, c’est que les collègues n’actionnent pas le levier juridique. Il faudrait pourtant oser mener une guérilla contentieuse pour contrer ces pratiques, qui sont totalement anormales.

Les fermetures, en appeler aux CRS, ça a toujours existé. La grande nouveauté, c’est l’accélération (...)

et là on comprend tout l’intérêt du distanciel, qui permet de boucler les lieux pour éviter l’installation des étudiants tout en continuant à assurer des cours.

C’est tout bénéfice ! On peut fermer des universités pendant trois semaines, les diplômes seront délivrés comme si de rien n’était. De ce point de vue, le distanciel est bien un outil redoutable, au service de tous les autres.