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La Tribune de Genève
Le démantèlement des camps sauvages des Roms est-il efficace ?
Article mis en ligne le 12 août 2011

Lausanne a rasé les campements illégaux occupés par des Roms aux Prés-de-Vidy. Genève s’apprête à faire de même à la Jonction, où s’installent actuellement plusieurs personnes de cette communauté. Raser ces abris de fortune, est-ce pertinent ?

Huit cabanons partis en fumée. Dont il ne reste que les gravats amiantés. Depuis fin juillet, les jardins familiaux des Prés-de-Vidy n’ont plus grand-chose de bucolique. Les autorités municipales ont rasé les maisonnettes où, naguère, il faisait bon passer le week-end en famille, installés les doigts de pieds en éventail dans les jardinets proprets. La raison de ces destructions ? Des dizaines de Roms avaient eu l’idée saugrenue de s’installer dans ces abris abandonnés. Ou plutôt non, des fouilles archéologiques devaient de toute façon être entreprises le 15 août. Erection du futur stade de foot oblige.

A Genève, pas de nouveau stade de foot à l’horizon. Mais les campements de fortune qui recommencent à fleurir depuis quelques jours sous le pont de la Jonction, devraient quand même subir le même sort sous peu. Seize « opérations de ramassage » (les abris ne sont pas en dur) d’effets personnels ont été menées dans la cité de Calvin depuis le mois de janvier. Au total, on parle de cinq expéditions consistant à détruire les toits précaires depuis le début de l’année, contre une vingtaine l’année précédente. (...)

Oui mais voilà. Raser ces abris précaires suffit-il à évacuer les Roms, pour repousser le capharnaüm qu’ils importent et le spectacle qu’offre leur communauté, souvent jugée débraillée et sans le sou ? En Europe, chacun y va de sa petite solution (voir infographie) : destruction pure et simple des abris de fortune, distribution d’aides au retour « volontaire », ou programme d’intégration. Tour d’horizon des pratiques d’ici et d’ailleurs et des bilans tirés par nos voisins, France en tête, dont les bulldozers n’ont aussi fait qu’une bouchée des taudis de la communauté rom. Un an après ces opérations de destruction à grande échelle, quel bilan tire l’Hexagone ?(...)

En France comme ailleurs en Europe, démantèlement ou pas, aide au retour ou non, leur nombre reste stable. On les estime à 10 à 12 millions sur le continent et quoiqu’on en pense, il va bien falloir « faire avec ».(...)

« Décennie de l’inclusion des Roms » lancée en 2005, premier sommet en 2008 pour le peuple rom, 40ème anniversaire de la journée internationale des Roms en avril 2011, rien n’y fait. La Commission européenne est toujours impuissante pour encourager ses Etats membres à intégrer ses Roms(...)

Car cette série d’expulsions, qui démontre à quel point les pays sont cabrés sur la question Rom, ne se font pas à défaut d’argent. Quelque 172 millions d’euros (sur 9, 6 milliards destinés à intégrer les personnes défavorisées) ont été alloués pour la seule période 2007-2013 aux Roms.

D’ici décembre 2011, les Etats membres sont donc sommés de rendre des comptes. Ils doivent « préparer ou réviser leurs stratégies nationales » et les présenter à la Commission. La première minorité ethnique du Vieux-Continent s’invite enfin à la table de réveillon des gouvernements.
(...) Wikio