
Dans une lettre ouverte, 262 chercheurs danois, spécialisés dans les études de genre et les études migratoires, s’insurgent de se voir « intimidés et harcelés, à un niveau conduisant certains à se mettre en arrêt maladie ».
Au Danemark, on ne parle pas d’« islamo-gauchisme ». Mais le débat qui secoue actuellement le pays scandinave fait largement écho à celui que la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait déclenché en février.
Au point même que ses propos sur « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion » sont fréquemment repris par ceux qui estiment que les universités danoises ne font pas suffisamment la distinction. (...)
Dans une lettre ouverte, adressée à leur ministre de tutelle, la sociale-démocrate Ane Halsboe-Jorgensen, et publiée lundi 7 juin dans le quotidien Politiken, 262 chercheurs danois, spécialisés dans les études de genre et les études migratoires, s’insurgent de se voir « intimidés et harcelés, à un niveau conduisant certains à se mettre en arrêt maladie ». En cause : les suspicions qui pèsent sur leurs travaux, qualifiés de « pseudoscience » et de « gauchisme identitaire » par des politiciens de droite et d’extrême droite.
Le 28 mai, une majorité des députés avait voté une motion qui, rappelant l’importance de « l’autorégulation académique », demande aux universités de veiller à ce que « la politique ne se déguise pas en science ». Dans leur tribune, les chercheurs mentionnent Frédérique Vidal, dont les propos ont, selon eux, servi de « modèle direct » aux politiques danois, qu’ils accusent de mettre en danger la liberté académique dans le royaume.
« Les attaques se sont intensifiées »
Les discussions ne sont « pas nouvelles », reconnaît Mathias Danbolt, professeur d’histoire de l’art à l’université de Copenhague et un des auteurs de la tribune. Mais il assure que « les attaques se sont intensifiées » ces derniers mois. (...)
Dans une question écrite à la ministre, les deux parlementaires ont demandé s’il n’était pas temps de « mener une action similaire à l’épreuve de force annoncée par le gouvernement français et de lancer une étude du problème, comme celle mise en place [en France] ». (...)