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Le Monde
Le débat sur « le militantisme excessif » dans la recherche académique gagne le Danemark
Article mis en ligne le 12 juin 2021

Dans une lettre ouverte, 262 chercheurs danois, spécialisés dans les études de genre et les études migratoires, s’insurgent de se voir « intimidés et harcelés, à un niveau conduisant certains à se mettre en arrêt maladie ».

Au Danemark, on ne parle pas d’« islamo-gauchisme ». Mais le débat qui secoue actuellement le pays scandinave fait largement écho à celui que la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait déclenché en février.

Au point même que ses propos sur « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion » sont fréquemment repris par ceux qui estiment que les universités danoises ne font pas suffisamment la distinction. (...)

Dans une lettre ouverte, adressée à leur ministre de tutelle, la sociale-démocrate Ane Halsboe-Jorgensen, et publiée lundi 7 juin dans le quotidien Politiken, 262 chercheurs danois, spécialisés dans les études de genre et les études migratoires, s’insurgent de se voir « intimidés et harcelés, à un niveau conduisant certains à se mettre en arrêt maladie ». En cause : les suspicions qui pèsent sur leurs travaux, qualifiés de « pseudoscience » et de « gauchisme identitaire » par des politiciens de droite et d’extrême droite.

Le 28 mai, une majorité des députés avait voté une motion qui, rappelant l’importance de « l’autorégulation académique », demande aux universités de veiller à ce que « la politique ne se déguise pas en science ». Dans leur tribune, les chercheurs mentionnent Frédérique Vidal, dont les propos ont, selon eux, servi de « modèle direct » aux politiques danois, qu’ils accusent de mettre en danger la liberté académique dans le royaume.
« Les attaques se sont intensifiées »

Les discussions ne sont « pas nouvelles », reconnaît Mathias Danbolt, professeur d’histoire de l’art à l’université de Copenhague et un des auteurs de la tribune. Mais il assure que « les attaques se sont intensifiées » ces derniers mois. (...)

Dans une question écrite à la ministre, les deux parlementaires ont demandé s’il n’était pas temps de « mener une action similaire à l’épreuve de force annoncée par le gouvernement français et de lancer une étude du problème, comme celle mise en place [en France] ». (...)