Les mesures de confinement prises à travers le monde pour enrayer la propagation du Covid-19 auront eu pour corollaire une baisse spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre. D’ici la fin de l’année, on attend une diminution moyenne de 5 à 8% du total des émissions mondiales.
Si l’on peut se réjouir de cette situation, il ne faut pas surestimer ses effets sur le long terme : pour qu’une influence notable se fasse ressentir sur le réchauffement climatique, il faudrait que les émissions de gaz à effet de serre continuent à diminuer de 7,6% chaque année, jusqu’en 2030. Autant dire qu’il est illusoire de compter là-dessus, d’autant que les industries commencent progressivement à se remettre en marche.
Surtout, c’est le secteur le plus polluant de la planète qui a connu la plus faible baisse. La production d’électricité, responsable de 39% du total des émissions mondiales de CO2 (chiffres de 2015), ne les a vu diminuer que de 7,4%, passant de 44,6 millions de tonnes par jour à 41,3 millions, le pic de réduction s’étant produit autour du 7 avril.
La plus grosse chute en pourcentage concerne l’industrie aéronautique (...)
Répit provisoire
Ces écarts montrent à quel point l’action individuelle ne peut avoir qu’une influence minime sur le climat, tant qu’elle n’est pas accompagnée de politiques plus vastes et radicales visant à décarboniser l’ensemble des secteurs, et notamment le réseau électrique.
Si l’arrêt du trafic routier (il était, début avril à Paris, à seulement 5% du trafic habituel) a provoqué une baisse non négligeable observable à échelle humaine, celle-ci n’aura été que ponctuelle, et l’on peut s’attendre à retrouver les taux habituels dans les mois qui viennent. À long terme, il y aura donc un effet de lissement, et la période du confinement n’aura été qu’une parenthèse verte dans le dérèglement climatique. Les « petits gestes pour le climat » observés de façon individuelle sont précisément petits, et ne suffisent pas. (...)
Un pays à faibles émissions n’aura que très peu d’impact pour l’amélioration de la situation mondiale face aux plus gros émetteurs que sont la Chine, les États-Unis et les pays de l’Union européenne.