Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Les Echos
Le commerce équitable, ça marche dans les deux sens
/Alain Hohwiller, président Solidar’Monde
Article mis en ligne le 31 janvier 2022

Le marché du commerce équitable poursuit sa progression. En 2020, il a connu une croissance exceptionnelle de +12 %, tandis que la vente de produits bio et équitables a augmenté de 3 % en 2021. En 3 ans, les filières françaises de commerce équitable ont plus que doublé pour atteindre aujourd’hui 645 millions d’euros. La baisse de pouvoir d’achat de certains Français due à la crise n’a pas freiné leurs aspirations pour un mode de consommation plus sain, mais aussi plus respectueux des producteurs et de l’environnement. Au contraire, elle semble les avoir accentuées.

Longtemps cantonnés aux magasins bio, aux boutiques spécialisées ou à quelques maigres rayons de supermarchés, les produits issus du commerce équitable ont désormais la cote. Preuve en est : ils s’affichent jusque dans les hypermarchés, et vont jusqu’à constituer un nouvel argument de vente. Il faut dire que le commerce équitable n’est pas seulement une belle étiquette, mais un véritable cercle vertueux. Du producteur au consommateur, ses bienfaits sont nombreux.
Un commerce aussi équitable pour les producteurs que pour les consommateurs

Le commerce équitable est une forme de commerce international qui a notamment pour objectif d’assurer le respect des droits et le progrès économique et social des producteurs, artisans et agriculteurs. Pour cela, il s’appuie sur des chaînes commerciales plus courtes et plus transparentes. (...)

Le commerce équitable se base sur une variété de principes allant de la juste rémunération du travail des producteurs et artisans et la garantie du respect des droits fondamentaux des personnes, en passant par la préservation de l’environnement. En somme, le commerce équitable met en œuvre une proposition simple : celle d’un commerce plus juste. (...)

Acheter un produit équitable permet également de faire une bonne action, dans un monde où les prix sont sans cesse tirés vers le bas au détriment de la qualité. C’est une manière de prendre conscience de son impact sur l’environnement et les inégalités, et d’agir en ce sens.

Lors des Assises nationales du commerce équitable qui se sont tenues le 25 novembre dernier, 300 producteurs, entreprises et partenaires du secteur se sont réunis. L’objectif était de formuler des propositions d’évolution pour la filière auprès de l’État et des enseignes de distribution. L’une des propositions qui a fait consensus est la redirection de l’argent public vers les filières qui concourent à l’intérêt public. En effet, le secteur du commerce équitable ne bénéficie d’aucune aide publique. La création d’un fonds "Avenir Équitable", semblable au Fonds Avenir Bio mis en place dans le cadre du plan France Relance, pourrait donc être une manière de soutenir le secteur. Tout comme la mise en place de rayons 100 % équitables en grande distribution, pour améliorer l’accessibilité des produits issus du commerce équitable.
Le prix, encore un frein à l’achat de produits équitables (...)

Le facteur économique n’est pas le seul à entrer en ligne de compte. Le manque d’information et de compréhension des consommateurs joue également un rôle : ainsi, plus de la moitié des Français (57 %) disent qu’ils achèteraient des produits certifiés équitables plus souvent s’ils bénéficiaient d’informations plus claires sur leurs prix.
On voit donc que la transparence et l’information des consommateurs sont essentielles. (...)

Il est important de savoir que le commerce équitable amortit les prix du marché, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Cela lui permet de garder des prix stables pour une juste rémunération des producteurs, mais aussi pour favoriser l’accès des consommateurs à ces produits. Un autre facteur à prendre en compte est le coût invisible des produits du commerce équitable. Aujourd’hui, il coûte moins cher de polluer que de produire de manière saine et juste. Tant que ce dogme sera en vigueur, les entreprises ne changeront pas. (...)

une étude mondiale publiée par l’entreprise Akeneo montre que près d’un répondant sur deux (49 %) est prêt à payer un produit plus cher pour avoir une information produit complète et de bonne qualité.

À n’en pas douter, le moteur de la transformation réside dans l’information pleine et entière du consommateur. C’est à ce prix que la démocratisation du commerce équitable pourra être enfin réalisée.