Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
cqfd
Le « changement » dans la continuité
Article mis en ligne le 1er octobre 2013
dernière modification le 24 septembre 2013

Ça fait dix-sept ou dix-huit fois qu’on vient là… » Comme chaque samedi depuis février, les militants du 9 e collectif des sans-papiers battent le pavé place de la Bastille à Paris. Les riverains se sont habitués aux nombreux fourgons de police garés le long des trottoirs qui bloquent le rassemblement à la sortie du métro. Sur le front des régularisations, ça empire…

Lorsque CQFD se pointe à la Bastille, des CRS se tiennent en ligne à la sortie du métro pour encercler le collectif dès qu’il en sort. Si l’on veut se joindre à eux, on est prévenu : « Si vous rentrez dans le cercle, vous ne pourrez plus en sortir ! » Pur bluff pour décourager la discussion… Aujourd’hui les militants sont peu nombreux, les attaques qu’ils subissent depuis février en ont découragé beaucoup, mais les slogans sont explicites : « La droite a expulsé ! La gauche a expulsé ! Il est où, le changement ? ». Certains passants s’arrêtent pour exprimer leur solidarité, tandis que le kiosquier tout proche débarque en éructant à la face des militants qui restent calmes : « On le connaît, il est d’extrême droite. » Pourtant, une pétition a circulé parmi les commerçants du quartier, excédés par le quadrillage du quartier « face à un nombre modeste de sans–papiers inoffensifs ».

La raison de ce déploiement hebdomadaire ? Depuis cet hiver, le 9e a décidé de se mobiliser pour protester contre le durcissement des conditions de régularisation définies par la circulaire Valls du 28 novembre 2012, le blocage des dossiers en préfecture (...)

dès le début des manifs de la Bastille, malgré le dépôt du trajet en bonne et due forme, le 9e est empêché de circuler normalement. Le parcours part de la place vers la mairie du 11e arrondissement, passant par la rue de la Roquette, non loin du domicile de Manuel Valls, rue Keller. Mais CRS ou gardes mobiles les bloquent à la sortie du métro. Le 13 avril, ils ont été brutalisés, vêtements déchirés, poussettes renversées. Le 18 mai, les hommes ont été embarqués dans des fourgonnettes, les femmes enjointes de quitter les lieux. Le 8 juin, ils ont été refoulés dans les couloirs du métro et tabassés. Le 15 juin, après la dispersion des manifestants, sept camarades discutant sur place ont été arrêtés, menés en garde à vue et ont écopé d’un rappel à la loi de trois ans. Baïja, l’une des porte-parole, explique qu’elle n’a jamais vu ça : « C’est fait pour intimider. Sous Sarko, on a fait des choses terribles, pires qu’aujourd’hui, mais on n’a jamais été réprimés comme ça. C’est grave, c’est la dictature socialiste ! » (...)

Dans le match préfecture versus 9e collectif, cette dernière a néanmoins subi un camouflet singulier : le 21 juin, le préfet de Paris interdit la manif prévue pour le lendemain, au motif de risque de « troubles à l’ordre public ». Un recours est déposé au Tribunal administratif (TA) le soir même et le lendemain, le juge des référés estimant que le préfet a « porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de manifestation », lui enjoint de garantir au 9e collectif « l’exercice de leur liberté de manifester », et exige que la police communique les procès-verbaux. (...)

C’est drôle, la France. On peut être soutenu par des commerçants, rappelé à la loi par la police et applaudi au Sénat…