
Le Moyen-Age est toujours surprenant. Si l’on serait surpris d’apprendre que contrairement aux idées reçues les jeux floraux s’ouvraient également aux femmes, que l’hygiène occupait une grande part dans les canons de beauté de l’époque, on le serait encore plus de savoir que certains vêtements étaient à base… de manuscrits recyclés.
(...) C’était alors pour achever de rigidifier les robes que les nonnes se servaient de pages de manuscrits… Précisons que les pages utilisées n’étaient pas arrachées au hasard : elles étaient tirées d’ouvrages destinés à être recyclés - un procédé qui, bien qu’il ait de quoi faire pâlir bien des bibliophiles, était courant au XVe siècle. (...)
En effet, Erik Kwakkel, professeur en histoire des livres médiévaux à l’université de Leiden, explique que les ouvrages faits mains depuis des siècles s’étaient rapidement démodés dans les premiers âges de l’imprimerie. Et c’est donc la raison pour laquelle on retrouve dès cette époque des extraits de manuscrits, employés pour fabriquer aussi bien des reliures de livres que des vêtements.
Le professeur ne manque pas de relever un cas improbable en guise d’exemple... Celui d’une mitre d’évêque dont la reliure est constituée - ironie du sort- de pages contenant une traduction norvégienne du XIIIe siècle… de poèmes amoureux français.