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Le Monde
Le Haut Conseil pour le climat se réorganise après une année de crise, sans mettre fin au malaise
#climat #hautconseil
Article mis en ligne le 18 janvier 2023
dernière modification le 17 janvier 2023

Vigie de la transition écologique en France, l’instance indépendante a été accusée de complaisance à l’égard du gouvernement. Elle doit aujourd’hui renouveler et étoffer son secrétariat, après le départ de tous les analystes qui le composaient.

Des accusations de complaisance à l’égard du gouvernement, une production réduite au minimum, des cas de souffrance au travail, un climat délétère… L’année 2022 a été houleuse au Haut Conseil pour le climat (HCC), l’instance installée en 2018 par Emmanuel Macron et placée sous l’autorité du premier ministre pour évaluer les politiques publiques climatiques.

Si la présidence du HCC assure aujourd’hui que la sortie de crise est en vue, avec une réorganisation et des recrutements en cours de finalisation, des inquiétudes perdurent. Preuve du malaise, plusieurs membres du HCC n’ont pas voulu répondre aux questions du Monde et, sur les dix experts, salariés et ex-salariés du HCC interrogés, sept préfèrent rester anonymes.

L’enjeu de l’indépendance est crucial pour le Haut Conseil, tant cette structure est devenue une vigie de la transition écologique en France. Ses rapports sont utilisés dans les procès contre l’Etat pour « inaction climatique » et sont cités par les députés ou les ONG. La structure est composée de treize membres (climatologues, économistes, agronomes, etc.), tous renommés dans leur domaine, et d’un secrétariat, qui comptait en 2022 sept personnes, notamment des analystes. Ces derniers ont aujourd’hui tous quitté le HCC.

En juin 2022, dans son rapport annuel, le HCC a appelé à un « sursaut » de l’action climatique dans le pays. Peu avant la sortie de cette publication phare de l’instance, qui évalue notamment si la France est dans les clous pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, certains de ses membres s’étaient émus auprès du Monde de sujets « écartés ou édulcorés » dans le rapport. Nombre d’entre eux avaient par ailleurs rejeté une première version de son résumé, jugée trop « complaisante » à l’égard du gouvernement et « orthogonale » avec le contenu, écrite par la présidente et le directeur du HCC avant le rapport lui-même. (...)

Finalement, après une réunion de crise, le résumé avait fait l’objet de nombreuses réécritures et des passages avaient été réintégrés dans le rapport. Certains membres regrettaient encore, après sa publication, une « inquiétante dépolitisation » du document et un « ton plus en retrait que les années précédentes ». (...)