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Le MRAP solidaire des sans papiers en grève
Communiqué Paris, le 2 octobre 2019
Article mis en ligne le 4 octobre 2019

Le 1er octobre , les sans papiers se sont mis en grève, à l’appel de la CGT dans 12 sites d’Île de France pour dénoncer leurs conditions de travail et pour leur dignité. Parce qu’ils sont sans papiers, ils sont taillables et corvéables à merci, des esclaves modernes.

Le MRAP les assure de son entière solidarité et réclame leur régularisation comme celle de tous les sans papiers.

Les témoignages sont accablants : Mahamadou, manœuvre d’origine malienne déclare « on nous donne parfois le travail de deux personnes parce qu’ils savent qu’on ne peut pas refuser. Il faut qu’on montre qu’on n’est pas des esclaves. » ou encore « avec 2 ou 3 personnes, on doit décharger 13 camions de 26 tonnes chaque jour ». Ils doivent travailler sans protection, sans sécurité, bien souvent sans paiement des heures supplémentaires ; s’ils refusent, ils perdent leur emploi ou sont parfois dénoncés à la préfecture comme étant sans papiers.

Alors qu’à l’approche des élections municipales, les propos nauséabonds sur la politique migratoire se multiplient, la lutte des travailleurs sans papiers a valeur d’exemple. Comme le rappelle Marilyne Poulain de la CGT « des pans entiers de la société ne fonctionneraient pas sans les travailleurs immigrés ».

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(...) « On sait que ça va être compliqué mais on veut nos papiers. De toute façon, sans papiers, on peut être renvoyé du jour au lendemain. » Éboueur en intérim depuis cinq ans, il fait partie des 130 commis de cuisine, femmes et hommes de ménages, manutentionnaires, ouvriers de routage, poseurs de voies et autres travailleurs sans-papiers mobilisés dans toute l’Île-de-France ce mardi 1er octobre. Douze piquets de grèves ont été organisés simultanément avec une seule revendication : la régularisation des travailleurs en situation irrégulière afin de mettre fin à l’exploitation qu’ils subissent. Parmi les entreprises visées figurent notamment Campanile, l’UGC ou encore des restaurants comme KFC ou Léon de Bruxelles. (...)

Comme beaucoup d’autres, ce Malien de 29 ans s’est fait embaucher sous un autre nom et ne peut donc pas accéder à ses droits : « Je cotise mais je ne touche rien ! Quand je vais chez le médecin, j’ai le droit à l’Aide médicale d’Etat (AME). Mais chez le médecin, on te prescrit des médicaments, et l’AME ne marche pas dans les pharmacies. »

« Ils ne peuvent pas faire valoir leur droit. Tout le monde est au courant mais ils n’existent pas », complète Philippe Tixier. Pour illustrer son propos, le secrétaire général de la CGT intérim sort son téléphone et montre une vidéo tournée dans un site d’Haudecœur, entreprise d’importation de produits alimentaires à La Courneuve. On y voit des employés déchargeant mécaniquement des sacs, qu’ils mettent sur leur dos. « Et ils font ça toute la journée ! Le soir, ils ont porté une tonne ! L’entreprise pourrait acheter une machine mais ils laissent ces gens se casser et une fois cassés, ils les changent. Qu’est-ce que tu veux qu’ils gueulent ? » (...)

Même si de grosses mobilisations avaient déjà eu lieu en fin de décennie dernière, celle-ci est la première depuis 2012, et la « circulaire Valls » où de nouveaux critères de régularisation ont été fixés. Aujourd’hui, un étranger sans-papiers présent depuis trois ans sur le territoire français doit par exemple justifier vingt-quatre mois de travail, dont huit durant les douze derniers mois. Le rôle de l’employeur est donc crucial dans les démarches des sans-papiers. (...)

Aujourd’hui le système donne le pouvoir à ceux qui ne jouent pas le jeu et n’ont aucun intérêt à le faire. L’État entretient donc une catégorie de sous-travailleurs alors que des pans entiers de l’économie ne pourraient pas tourner sans eux.
(...)

À l’heure où nous bouclions cet article, cinq piquets de grève avaient été levés. La mobilisation devrait tout de même se poursuivre, la CGT ne souhaitant pas stopper le mouvement sans une position claire de l’État sur le statut des travailleurs et une réinterprétation de la loi.