
L’Auster souffle sur la mer et jusqu’au pied de l’Acropole, s’agissant bien entendu du vent. Les élections une fois de plus... accomplies, le gouvernement sera bientôt remanié pour les apparences, et alors déjà, toutes les conclusions ont été tirées... (et) par les cheveux. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. La Grèce... respire.
Les grandes chaînes de télévision grecques... nous assurent quant à elles, que le score du Front national en France (25 % des voix) est “incontestablement une grande victoire”, tandis que celui du parti de la Gauche radicale chez nous (26 % des voix) “s’avère être en réalité une cuisante défaite”. Du côté de la Gauche radicale on ne se laisse pas impressionner, l’optimisme est certes de mise, comme j’ai pu le constater cette semaine, cependant, le décompte final de toutes les voix de préférence quant aux candidats “définitivement” élus conseillers généraux tardera encore de quelques jours.
C’est ainsi (et pour donc répondre à la question évidente que certains lecteurs de ce blog ont posé), qu’à l’heure actuelle, Catherina Thanopoulou, cadre SYRIZA et candidate aux élections régionales sur la liste de Rena Dourou, (et) dont l’interview a été présentée ici - attend donc... comme tout le monde, “ses” résultats. (...)
Athènes, alors drôle d’atmosphère. Catherina Thanopoulou, invitée au soir du jeudi 29 mai, et pour sa première fois sur le plateau du journal télévisé d’une chaîne locale afin et interrogée sur les enjeux liés au récent scrutin régional, a accepté l’invitation non sans une certaine stupéfaction.
De mon côté... arrivé un peu à l’improviste au studio de la radio 105,5 (SYRIZA) pour saluer l’ami Costas Arvanitis, j’ai dû aussi accepter son invitation, et ainsi participer brièvement à son émission de la zone matinale (29 mai). Costas, déjà satisfait des résultats des scrutins en Grèce, l’est autant, depuis la publication de la toute dernière Médiamétrie. On y apprend que l’audience de “sa” radio (dont il est également le directeur) s’améliore, à presque 5%. Les médias observent décidément leurs rites infaillibles. (...)
Épuisé de tout cela, de son chômage... retrouvé et surtout de sa bataille, en définitive devant les tribunaux pour ne récupérer que la moitié ses salaires impayés sur sept mois, mon ami T. se retire durant l’été chez un parent, vivant dans les quartiers sud et du front de mer. “J’y passerai l’été, la plage est à cinq minutes à pied. Puis, l’automne viendra... comme il viendra. Si je ne retrouve pas un travail, je réalise qu’au bout du compte, ce même compte si bien calculé par les maîtres-‘mondialisateurs’, c’est ma mort physique... au-delà de ma mort sociale qui est donc programmée”. (...)
Le poète et essayiste Yorgos Koropoulis a ainsi rappelé dans son quart d’heure philosophique habituel, intitulé “Éléments pour l’achat du cuivre” (en dernière partie de l’émission “Lanterna Magica”), “combien et comment notre monde d’après, c’est-à-dire présent, prépare l’esclavage, voire l’élimination physique des classes dites subalternes, et cela à terme, y compris à travers les pays occidentaux. Un changement de perceptive où hélas (et) entre autres, le modèle... de survie des nettoyeurs de pare-brises dans les pays désignés comme relevant du Tiers Monde, mais que nous connaissons autant à Athènes, a été érigé récemment... en archétype entrepreneurial par un quotidien bavarois”, (cité de mémoire, Troisième Programme, émission du 29 mai).
(...)
Les lanternes magiques du temps présent, projettent en somme nos propres images... plus amphotères que jamais sur les plaques de verres du virtuel permanant. Le public fasciné par ces images “magiques”, agit ainsi à la fois comme un acide et comme une base... de sa propre décrépitude.
Et dans la journée du 29 mai, seules les femmes de ménage, licenciées du ministère des Finances et dont le licenciement a été jugé illégal par le Tribunal d’Athènes... décision pourtant inexécutable, avaient une fois de plus encerclé leur ancien lieu de travail place de la Constitution. Une poignée de femmes au beau milieu de l’archipel de l’indifférence et des cafés remplis de touristes... et d’amphotères autochtones.
(...)
L’Auster et l’austérité soufflent depuis la mer et jusqu’au pied de l’Acropole. Seul l’imperturbable Joachim, devine à peine l’existence ce monde affairé et nos touristes trop rêveurs.