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Greek crisis
“Ladri di biciclette”
Article mis en ligne le 17 août 2013

Nous observons médusés toutes ces dernières mutations ahurissantes autour de nous. Fatalement, nous nous observons aussi. De toute évidence, la “crise” c’est du sable mouvant. Et nous ignorerions à son propos, le poids que notre société pourra encore supporter.

Depuis mercredi dernier dans les quartiers ouest d’Athènes, la présence policière est très visible, suite à la mort de Thanasis Kanaoutis âgé de 19 ans. Sans ticket valide, il avait sauté ou il a été poussé du trolleybus après avoir subi la violence physique et verbale du contrôleur et peut-être du machiniste. “Nous sommes tous chômeurs dans ma famille...” auraient été ses derniers propos d’après certains témoins. Depuis, et sur les murs du quartier, les graffitis qui apparaissent ne portent qu’un seul message : “Vengeance”. Des machinistes sur la ligne cette même ligne 12 du trolleybus ont été aussitôt agressés d’après le porte-parole de leurs syndicats, N. Xydakis joint par les journalistes de la télévision “SKAI” par la suite.

La mort de Thanasis

Les témoins directs ont surtout insisté sur l’humiliation ainsi infligée à Thanasis. Une femme sous le choc, a même agressé les policiers dépêchés sur place. “Cette mort vous suivra partout et à chaque nuit” avait-t-elle hurlé à l’encontre du machiniste et du contrôleur. C’est vrai qu’une telle mort n’est jamais gratuite. D’après le reportage du “Quotidien des Rédacteurs” daté du 16 août, Thanasis Kanaoutis s’est senti humilié. Avant l’altercation avec le contrôleur il avait baissé sa tête et rougit de honte. On aura déjà compris que tous les êtres humains ne meurent pas égaux en dignité. C’est ainsi que certaines morts peuvent alors coûter cher à certains aux dires de tous en ce moment. À Thessalonique dans la nuit du 14 au 15 août, la police a arrêté d’après les reportages, “treize personnes alors âgées 19 à 44 ans, dont deux étrangers. Ils couvraient de graffitis hostiles aux contrôleurs, les bus de la Régie de la ville ainsi que certains guichets”. On l’aura aussi compris sûrement à nos dépens après trois ans de méta-démocratie réelle : Le régime troïkan ne craint ni nos partis issus de la gauche parlementaire, et encore moins nos syndicats... structurellement “paraplégiques”. Non, ce qui l’effraie, c’est plutôt l’incontrôlable, l’inattendu, le grand “hasard” détonateur. (...)

L’ahurissant imposé c’est qu’en ce moment en Grèce, il y a en somme trois grandes catégories socioprofessionnelles : ceux qui ont conservé une part de leurs revenus, ceux qui n’en ont plus, puis, ceux qui ont perdu leur dignité. (...)

On retiendra donc de cette semaine du 15 août, l’attentisme finissant qui règne chez les... réservistes à ERT. Parmi eux et parmi ceux qui produisent encore le programme libre, il y ceux qui ont déjà signé un précontrat avec NERIT, la nouvelle “radiotélévision publique”. Yorgos Tsiaras qui signe le reportage pour le “Quotidien des Rédacteurs” du 16 août, rapporte que dans le hall, une jeune femme a violement interpelé le président du syndicat PROSPERT Panagiotis Kalfagiannis : “Tu sais, il y a un qui a retourné sa veste, il a signé avec NERIT, sauf qu’il est actuellement en direct, alors t’en feras quoi ? Tu peux certes fermer ta gueule. Qu’on aille le déloger, le balancer en dehors du studio. Un ancien ERT fit remarquer que la seule issue alors digne qui nous reste, c’est que la police vienne nous déloger, maintenant que notre lutte a été trahie de l’intérieur”.

Yorgos Tsiaras rappelle cette triste évidence : “Ceux qui gardent le bâtiment sont de moins en moins nombreux. Ceux de l’ERT ont été trahis par la société mais d’abord, par les partis de la Gauche qui ont utilisé cette lutte à de fins politiciens et à présent, ils attendent désormais cyniquement la prochaine occasion, la prochaine ERT”. Mon ami A., cadre SYRIZA très amer aussi, est du même avis. J’y ajouterais seulement, qu’une cause à la démobilisation ambiante du moment serait bien celle-ci. En tout cas, j’ai aussi remarqué côté ERT au soir du 14 août, ce changement d’humeur, palpable à travers tous les esprits, en plus d’un pauvre chien très peureux ! Au moins, le concert de Maria Reboutsika, comme tous ces moments musicaux sur la planète précaire des ERTiens fut un véritable moment de joie et d’espoir. (...)

Nos nombreux touristes qui admirent tant l’Acropole n’auront rien remarqué de tout cela. Peut-être tout de même un peu, ceux de Santorin, car voilà déjà quatre jours que la panne d’électricité sur Santorin n’a été complètement réparée. Encore heureux, ils n’ont pas eu l’occasion de tester les évacuations en urgence, ni nos hospitalisation sous le soleil du troïkanisme, exactement. (...)