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La vallée d’Aspe, un environnement classé sacrifié pour un développement non durable
Article mis en ligne le 22 décembre 2018

Tribune. Camille, du collectif « Stop aux camions en vallée d’Aspe », alerte sur les projets ruineux et irresponsables favorisant l’invasion des camions, la pollution et la mise en danger des riverains au détriment de l’environnement naturel dans cette région des Pyréenées.

Septembre dernier, M. de Rugy, tout fraîchement investi du ministère de l’Écologie, est arrivé en Béarn pour y confirmer la réintroduction de deux ourses en vallée d’Aspe, cet écrin de nature montagnarde classée par l’Europe zone Natura 2000 et qui accueille aussi le parc national des Pyrénées. On pourrait donc se réjouir de ce choix ministériel.

Mais la fibre écologique de notre ministre fut mise en doute. D’abord par le coût pharaonique de son déplacement avec, notamment, son arrivée en estive en hélicoptère (environ 150 000 euros au frais du contribuable !). Mais cette dépense outrancière paraît dérisoire quand M. de Rugy nous annonce, le même jour, que 90 millions d’euros sont désormais débloqués pour la déviation et le contournement de la ville d’Oloron, à l’entrée de la vallée d’Aspe. Il faut savoir que ces travaux sont inclus dans le développement d’un axe routier E7 Bordeaux-Sarragosse au service du transit international de camions passant par notre vallée.

D’un côté on vante le patrimoine naturel exceptionnel de la vallée d’Aspe avec la réintroduction d’une espèce en voie d’extinction afin de sauvegarder la biodiversité de nos montagnes, et de l’autre on favorise le développement d’un couloir à camions via l’Espagne avec des prévisions estimées à plus de 2000 poids lourds par jour. C’est de l’écologie de carte postale ! (...)

des accidents, il y en aura de plus en plus. Inutile d’être mathématicien, toutes les conditions sont réunies : géographie montagnarde très encaissée, route de montagne étroite et sinueuse, conduite à risque des chauffeurs (vitesse excessive, carences de repos, non-respect du code de la route) alors que la moitié d’entre eux transportent des matières dangereuses ! On note aussi l’absence de contrôles réguliers des camions et une augmentation massive du transit.

En effet depuis début janvier, l’ouverture de l’écotaxe sur le péage d’Hendaye, au Pays basque, a provoqué l’afflux des 44 tonnes dans notre belle vallée avec plus de 700 camions par jour cet été, soit 23 % d’augmentation en à peine sept mois ! Cela n’est plus possible ! Il y a là une réelle mise en danger des chauffeurs de poids-lourds, de la population locale et de son environnement. Combien faudra-t-il de morts et de kilomètres de rivière ravagés pour que l’on prenne conscience que ce projet ne peut qu’entraîner la destruction de cet espace montagnard protégé ? (...)

Nous ne sommes pas les seules victimes en France de ces grands projets inutiles et imposés (GPII, comme dans la vallée de la Maurienne, la vallée de l’Arce, le grand contournement de Strasbourg, la vallée de la Roya, la vallée d’Aure, le pays de Gascogne). Tous ces projets sont ruineux et irresponsables, favorisant l’invasion des camions, la pollution et la mise en danger des riverains au détriment de l’environnement naturel. Nous connaissons, malheureusement, l’expérience de certaine vallée où, déjà, le mal est fait. Lors d’un entretien avec notre collectif ce mois d’octobre, le chef de cabinet de la ministre des Transports reconnaissait lui-même que « oui il y a un problème de dominance du transport routier en France ». Alors, qu’attendez-vous pour résoudre ce problème ? L’État a, faut-il le rappeler, la responsabilité de notre sécurité et de la préservation de notre environnement. (...)

Que nous le voulions ou non, l’avenir appartient à la transition écologique et au développement durable, en vallée d’Aspe comme ailleurs. De nombreuses solutions ont déjà été mises en place et le ferroutage en fait partie. Le génie humain n’a pas de limite et saura bien résoudre les défis de cette urgence climatique. Encore faut-il utiliser et orienter la fiscalité à bon escient. (...)

Alors pourquoi s’y opposer systématiquement et s’embourber dans le « tout routier » ? Parce que les gouvernements successifs préfèrent toujours satisfaire les exigences des lobbys routiers méprisant une économie raisonnée soucieuse de l’environnement. (...)

Sur ce, je vous laisse, je vais rejoindre le collectif. Nous avons des camions à bloquer et une vallée classée à préserver.