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Paris s’éveille
La surveillance électronique ici et là
Article mis en ligne le 3 juillet 2013

On aura suivi avec intérêt les récentes « révélations » du désormais célèbre Edward Snowden de la NSA américaine (voir la vidéo-interview plus bas). Même si la surveillance de toutes les formes de communications planétaires n’est ni surprenant ni nouveau, la médiatisation de sa cavale rappelle une chose : les pays « démocratiques » sont prêts à tout pour punir les lanceurs d’alerte tels que Julian Assange, Bradley Manning ou Edward Snowden... et intimider les pays qui tenteraient de les héberger. On devinera que de mettre en lumière les activités des services « secrets » est fortement déconseillé par les pays occidentaux.

Il est intéressant de se pencher sur ce qui est appelé le « programme PRISM ». Ce n’est en réalité qu’une partie du vaste regroupement d’outils pour collecter et décrypter les données de toutes sources confondues (dite d’aide à la décision stratégique militaire). Ce dispositif - au développement certes accéléré depuis le 11 septembre 2001 - est dans la continuité des programmes internationaux « SIGINT » ou « Echelon » qui recèlent la particularité de disposer de récepteurs dans des pays alliés du premier cercle des USA (Royaume-Uni, Australie, Canada...). Dans ce dispositif, la collecte et le traitement de l’information est centralisée par la NSA, donc aux États-Unis. Ces derniers ont ainsi le choix de partager ou non les informations recueillies, et accessoirement d’exercer un chantage vis-à-vis de leurs alliés pour participer à des coalitions militaires - comme en Irak en 2003.

La contrepartie du système mégalomaniaque américain est que tout passe par internet, et il faut des débits gigantesques, ce qui posait déjà problème à l’époque de la guerre en Irak, quand il fallut demander à la Turquie d’améliorer son réseau dans la précipitation. De plus, de nombreuses informations secrètes s’étaient retrouvées dans la nature... la faute au manque de sécurisation à tous les niveaux, ce qui - on le voit en ce moment - n’a guère changé !


Il n’est pas nouveau que les écoutes visent en premier les ambassades et les bâtiments gouvernementaux. Les gouvernements des pays qui en ont les moyens le savent et le pratiquent tous.
(...)

La France maîtrise ces outils de surveillance dits DPI (technologie Deep Packet Inspection) tels que « Eagle » d’Amesys (filiale de Bull) et les vend à des pays peu démocratiques (Libye, Maroc, Gabon, Qatar et possiblement Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Kazakhstan). Cette entreprise française est accusée de complicité dans la torture des opposants au régime de Kadhafi. La DGSE se garde des portes dérobées dans les systèmes de surveillance exportés, elle peut ainsi délocaliser la collecte de renseignements à moindre frais et plutôt discrètement (voir l’article sur « Eagle » plus bas). On imagine que rien - techniquement - n’empêcherait ces systèmes d’espionner des français depuis l’extérieur.

Désormais, l’Union Européenne va légitimer une course au « cyber-armement » qui se démocratise dans les secteurs commerciaux à des fins de publicité ciblée. (...)

Comme trop souvent, les technologies de pointe financés par nos impôts sont captés par l’État militaro-policier et les conservent jalousement éloignées du grand-public. On imagine le bond en avant que ferait bénéficier le libre partage de ces avancées en matière de recherche « sémantique » pour internet par exemple. On peut rêver qu’au-delà des courageux lanceurs d’alerte, d’autres désobéisseurs entrent en résistance pour livrer ces savoirs à la « licence libre », qui correspond historiquement à tout ce qui touche à la recherche scientifique, médicale, la création artistique ou plus généralement à tout le vivant !