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La solidarité européenne n’a jamais existé dans le cadre de l’UE. Il faut une solidarité entre les peuples européens
par Éric Toussaint
Article mis en ligne le 15 juin 2013
dernière modification le 11 juin 2013

La crise de la zone Euro démontre qu’il y a bien une Europe à deux vitesses, non pas celle de l’UE 17 (zone euro) et l’UE 27 (États membres), mais celle des pays riches et solides d’une part et celle des pays pauvres et fragiles d’autre part. Qu’est-ce qui a creusé ce fossé ?

L’Union européenne et la zone Euro ont été créées en appliquant des principes qui favorisent uniquement le capital :

 liberté totale de mouvements de capitaux,
 liberté de circulation des marchandises et des services,
 promotion à tout prix de la concurrence,
 mise en cause de la démarche du principe des services publics…

On donne toute liberté au capital dans le but de faire un maximum de profit, considérant à tort que si on favorise une initiative privée, tout va très bien fonctionner. En mettant en place ce principe et en réduisant au maximum l’intervention des États en termes de réglementations, de budgets, on se retrouve avec une Europe où le budget représente moins de 1 % de son PIB alors que généralement, le budget des États les plus industrialisés tourne autour des 40 à 50 % du PIB ! On se retrouve avec un budget famélique dont près de la moitié va à la Politique agricole commune. La conséquence, c’est que l’Europe ne s’est pas dotée d’un moyen lui permettant de réduire les disparités entre les économies les plus fortes et les plus faibles de l’Union. Quand on met dans une même structure en compétition des économies tout à fait différentes, on renforce les disparités. (...)

Au niveau national, il est tout à fait possible d’adopter des mesures de justice fiscale. L’idée reçue selon laquelle « on est dans la zone Euro donc on ne peut pas prendre de mesures importante sur le plan fiscal » est fausse. On fait croire aux gens qu’il n’y a pas d’autre issue. Ceux qui invoquent ce discours cherchent à protéger les fraudeurs. On voit bien qu’avec l’ « affaire » de Chypre, on voit poindre des solutions qui auparavant étaient considérées comme impossibles : on va taxer les personnes qui ont plus de 100 000 euros dans les banques, instaurer un contrôle sur les mouvements de capitaux. Je rejette les mesures imposées à Chypre car l’objectif poursuivi est d’imposer une politique globale antisociale mais certaines dispositions prises montrent qu’il est possible de contrôler les mouvements de capitaux et de taxer fortement au-dessus d’un certain niveau de patrimoine.

Malgré les règles imposées par l’UE, il est tout à fait possible que des pays s’opposent à la politique de la Commission et forcent par leur attitude, une renégociation au niveau européen. Il faut reconstruire l’Europe démocratiquement. (...)

La solidarité européenne n’a jamais existé dans le cadre de l’UE telle qu’elle existe. Ou on pourrait dire que si solidarité il y a, c’est avec les grandes entreprises européennes. Les gouvernements européens ont systématiquement pris des mesures pour venir en aide aux banques européennes et aux grandes entreprises européennes. Mais quand il s’agit de venir en aide aux peuples et aux économies les plus faibles, il n’y a pas de solidarité. On pourrait plutôt dire qu’il y a un certain type de solidarité : une solidarité de classe, une solidarité entre les capitalistes.


Le fédéralisme est possible mais il doit résulter d’une constituante des peuples.
(...)

Il faut déconstruire les institutions non démocratiques et en construire de nouvelles et ce à partir d’une constituante des peuples ! Le pouvoir législatif (le parlement européen) est extrêmement faible, trop soumis à l’exécutif. (...)

Dans le cadre des frontières nationales, il faut prendre des initiatives pour que les mouvements sociaux et les organisations de gauche cohérentes définissent un projet commun. (...)

Je trouverais dommage que cette crise du capitalisme n’aboutisse au final qu’à un peu plus de discipline… Le capitalisme vert régulé ne permettra pas de régler le problème fondamental du changement climatique. Il faut sortir du système capitaliste.