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La situation du nucléaire français inquiète l’Autorité de sûreté
Article mis en ligne le 21 janvier 2016

Le gendarme du nucléaire français sonne l’alarme. Le vieillissement des centrales, les difficultés d’EDF et d’Areva, le manque de moyens, les anomalie de l’EPR, le coût élevé de Cigeo : autant de motifs d’inquiétude.

« Le contexte en matière de sûreté et de radioprotection est particulièrement préoccupant. » Pierre-Franck Chevet, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), n’a pas mâché ses mots à l’occasion de ses vœux à la presse, mercredi 20 janvier. Il a dressé un constat alarmiste de l’état du nucléaire en France, dans un discours d’une trentaine de minutes autour de trois motifs d’inquiétudes principaux. (...)

Le premier concerne ce qu’il qualifie d’« enjeux sans précédents », dont l’épineux dossier de la prolongation de durée de fonctionnement des réacteurs au-delà de 40 ans. Une prolongation dont le gendarme du nucléaire français a rappelé qu’elle n’était « pas acquise » – « on est loin d’avoir décidé des conditions » – mais dont l’échéance se rapproche, avec une première visite décennale fixée à Tricastin I en 2019. Alors qu’un avis de l’ASN sur cette éventuelle prolongation est attendu pour 2018, une première « décision » – sorte de document de prescription fixant les grandes orientations – est annoncée pour les prochaines semaines. Sur ce sujet, Pierre-Franck Chevet a d’ailleurs manifesté le souhait d’« organiser la participation du public », « pas prévue par la loi mais nécessaire au vu des enjeux ».
Les mystères du coût de Cigeo

Deuxième source du tracas, la situation de l’industrie nucléaire. Visant sans les nommer EDF et Areva, il a déploré leurs « grandes difficultés économiques et techniques », soulignant que si « le gouvernement a pris une bonne décision en réorganisant la filière à l’été dernier », « il y a encore beaucoup de temps qui va s’écouler et nous sommes dans cette zone de transition où les organigrammes ne sont pas complètement arrêtés et où les capacités financières ne sont pas là, ou certainement pas à la hauteur des enjeux à traiter, et c’est pour moi un sujet de préoccupation majeure ». L’ASN sera « extrêmement vigilante et rigoureuse » pour s’assurer que les compétences humaines essentielles ainsi que les investissements nécessaires pour la sûreté soient maintenues.

Troisième motif d’inquiétude, le manque de moyens accordés à l’ASN pour faire face à tous ces enjeux. (...)

Pour le directeur de l’ASN, le niveau de gravité employé dans cet exercice de communication se voulait probablement le gage de conscience de la responsabilité qui incombe aujourd’hui l’ensemble de la filière, lui qui rappelait ainsi au détour d’une phrase que « si un accident type Fukushima survenait, et on ne peut l’exclure, ce serait plusieurs pays européens qui seraient concernés ».