
La justice sociale, particulièrement sous la forme de la remise des dettes qui enchaînent les pauvres aux riches, est un leitmotiv dans l’histoire de l’Israël [3] ancien.
Tous les 7 ans, dit le Deutéronome, les Israélites ont l’obligation de libérer les esclaves hébreux qui se sont vendus à eux pour dettes, et de leur offrir quelque produit de leur petit bétail, de leur champ et de leur pressoir afin qu’ils ne rentrent pas chez eux les mains vides (cf. Dt. 15,14 et Ex. 21,2).
Comme la loi est trop peu appliquée, le Lévitique [4] la réaffirme en la modulant : « Tous les 50 ans, vous déclarerez une année sainte et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays… chacun d’entre vous rentrera dans son patrimoine, chacun d’entre vous retournera dans son clan » (Lv. 25,10). Et pour bien s’assurer que la loi sera cette fois suivie, les codes décrivent en détails comment les achats et les ventes de biens entre particuliers doivent se faire en fonction du nombre d’années écoulées depuis le jubilé précédent (c’est-à-dire du nombre d’années qui subsistent avant de devoir rendre ces biens à leur précédent propriétaire).
Si nous ajoutons à ces passages les innombrables versets qui interdisent de prêter à intérêt à leurs semblables et de prendre des biens en gage, nous avons une idée de ce que les Israélites du pays de Canaan avaient mis en place pour tenter de maintenir un certain équilibre social. (...)
Depuis les années 2000, les recherches archéologiques au Moyen-Orient, l’histoire des écrits égyptiens et assyro-babyloniens, ainsi que l’analyse des anachronismes du texte biblique ont apporté de nombreuses révélations qui transforment substantiellement notre image des origines du peuple hébreu [5].