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Vous connaissez certainement autour de vous une personne dont vous avez l’impression qu’elle passe le plus clair de son temps à tondre sa pelouse, comme un automatisme compulsif la poussant malgré elle à rectifier les deux, trois misérables brins d’herbes essayant de pousser péniblement. Peut-être avez-vous même l’impression étrange que je parle de vous.
Si c’est le cas, ne vous en faites pas, rien de grave, vous êtes seulement un tondéiste qui s’ignore. Le tondéisme est une religion moderne qui pousse les humains (malgré eux), à des tontes compulsives et régulières envers tout ce qui prend un aspect “sauvage”. (...)
Depuis l’antiquité, nous avons toujours plus ou moins considéré les autres espèces comme étant inférieures à nous. Nous permettant de justifier leur soumission à notre espèce et leur exploitation. Et si cela est ainsi, ça n’est pas pour des raisons intrinsèques à notre psychologie (car il existe des peuples humains qui respectent les non humains), mais parce que nous le pouvons. (...)
il faut absolument tuer les “mauvaises herbes” pour faire “joli”. Les “mauvaises” herbes étant assimilées au mal, s’opposent au “beau gazon”, lui-même étant, “bon et propre”. Ce raisonnement, aussi manichéen et dichotomique qu’il puisse être, pourrait prêter à sourire. Pourtant ces pratiques devraient aujourd’hui changer, pour des raisons évidentes ! (...)
L’extinction massive des insectes
Une récente étude faite sur le territoire allemand nous montre que plus de 75% des populations d’insectes volants ont disparus depuis 27 ans. Autrement dit, il ne s’agit ni plus, ni moins d’une extinction massive en cours et d’autres études tendent à le démontrer (1). Pour vous donner un ordre de grandeur peut-être un peu plus parlant, imaginez 4 milliards 750 millions d’êtres humains qui meurent subitement en l’espace de 27 ans sans raison apparente. Ça calme…
Plus prosaïquement, il est possible que certains aient jubilé à l’annonce de cette étude. Oui, parce que cela signifie moins de moustiques, de mouches, de guêpes, de frelons, et de tout ces êtres insectoïdes qui en dérangent certains à l’heure de l’apéro. (...)
cela signifie aussi une perte non remplaçable dans les processus complexes écosystémiques.
En effet, les petites bêtes ne passent pas le plus clair de leurs temps à fomenter de nouvelles combinent pour ruiner la vie de certains, ils ont tout au contraire des activités et rendent des “services” absolument vitaux dans le fonctionnement des écosystèmes. (...)
Mais ce déclin des insectes n’impacte pas seulement les oiseaux, en effet les amphibiens en passant par les lézards, les araignées, les chauves-souris ou encore les taupes, sont tous dépendant des insectes comme source de nourriture irremplaçable (3). Ils permettent aussi de faire le “recyclage” des animaux et végétaux morts en permettant de rendre disponible des nutriments pour d’autres organismes (4), de structurer les sols en participant activement à la création des terres arables (5). Bref, ils font un boulot monstrueusement utile dans la plus grande ignorance des humains. (...)
Tout comme les mauvaises herbes, les insectes “nuisibles” sont perçus comme inutiles et donc exterminables.
La question qui devrait donc naturellement se poser à nos esprits est : pourquoi disparaissent-ils ? (...)
il y a la solution “advienne que pourra”, qui n’est rien d’autres qu’un laissé faire sous couvert d’un aveu d’impuissance justifiant l’inaction. En gros, nous ne faisons rien car nous ne pouvons rien faire. Mais bien évidement, comme rien ne se fait sans rien, forcément, si l’on ne fait rien, les choses ne vont pas se faire toutes seules. C’est donc une gentille excuse pour dire “on s’en fou !”. (...)
Au lieu de permettre aux insectes de vivre, ils partent du postulat que rien ne pourra empêcher ce déclin, il faut donc trouver une solution sans eux.
Et loin de moi l’idée de rejeter toutes les technologies ou LA technologie en règle générale, ça n’est pas le propos. (...)
il est vrai que l’agriculture est un élément fondamental du sujet, certainement le plus important. Mais aussi celui sur lequel nous n’avons que peu d’emprise. Nous pouvons effectivement devenir maraîcher, permaculteur et développer une éthique de consommateur et nous vous encourageons vers ces voies. Mais nous serons toujours dépendant des décisions politiques et des choix économiques de nos dirigeants ou de structures trans-étatiques. Si par exemple, les subventions sont laissées entre les mains des pollueurs, ceux là continueront à proliférer, car le système permettra cette possibilité. Il est aussi possible qu’une structure supra-étatique défavorise une agriculture plus vertueuse. Bref, nous sommes encore pieds et poings liés par la politique.
Mais il y a un autre axe de réflexion et d’action, surtout si vous n’êtes pas spécialement intéressés pour mettre vos mains dans la terre (oui, oui, ça existe). Ce levier d’action est aussi simple, qu’efficace. Il faut laisser la nature reprendre ses droits… Chez vous ! (...)
Naturalisons les espaces !
Logiquement si vous êtes encore en train de lire ces lignes c’est soit que vous êtes déjà acquis à la cause, soit que vous avez une grande ouverture d’esprit. En effet, laisser la nature reprendre ses droits, cela veut dire, lâcher prise, avoir comme jardin un “terrain vague”, ne plus “s’occuper” de la nature, mais la laisser faire son occupation toute seule, comme durant des milliards d’années d’évolution. Bref, ne presque plus rien faire ! Et il y a beaucoup d’intérêts à faire ça. (...)
Le véritable problème de l’esthétisme d’un jardin, c’est l’effet de mode. On ne va pas se mentir, si tout le monde aujourd’hui coupe sa pelouse à 2 cm c’est principalement parce que tout le monde le fait ! Si demain la mode vient à devenir le jardin forêt, le jardin sauvage, ou que sais-je, le jardin bétonné (l’enfer biologique), beaucoup de gens s’empresseront de changer leur jardin pour être dans la mode et les autres suivront par conformisme. (...)