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UNHCR
La réinstallation, l’ultime espoir pour une sœur et un frère syriens tétraplégiques
Article mis en ligne le 30 mars 2019

Assise sur le bord de son lit, Maysaa compte les tâches ménagères sur ses doigts : réveiller les enfants, changer leurs couches, les laver et les nourrir. Cela semble normal pour une mère qui s’occupe de ses enfants en bas âge, sauf que les siens ont 35 et 23 ans.

Wafika et Taha, deux des six enfants de Maysaa, sont nés avec une infirmité motrice cérébrale, un trouble neurologique qui affecte la vue, la parole et l’ouïe, ainsi que les mouvements de tous leurs membres.

« Quand je tombe malade et que je ne peux pas m’occuper d’eux, je me sens désespérée. J’aime leur donner tout ce dont ils ont besoin », dit Maysaa.

Originaire de Damas en Syrie, Maysaa, son mari Samir et leurs enfants menaient une vie ordinaire. Samir conduisait un camion sur les chantiers de construction, ce qui était suffisant pour mettre un repas chaud sur la table familiale et couvrir les frais liés à garde de leurs enfants. La famille comptait également sur le soutien utile de la famille et des amis. (...)

Après le début du conflit en 2011 et une situation de plus en plus précaire en Syrie, la famille a dû déménager à plusieurs reprises.

Après avoir échappé de justesse à des bombardements en 2013, la famille réfugiée en Égypte s’est installée dans la banlieue du Caire, où prendre soin de Wafika et Taha est devenu plus difficile.

Les réfugiés handicapés peuvent être parmi les plus marginalisés et leur vulnérabilité est souvent aggravée par les déplacements forcés. L’isolement et le fait d’être perçus comme un fardeau peuvent compromettre leur dignité, leur sécurité et leur accès aux services.

Malgré les mesures prises récemment pour améliorer l’accessibilité des personnes handicapées, de nombreux bâtiments et rues en Égypte, notamment là où vit actuellement la famille, ne sont toujours pas équipés de dispositifs tels que des rampes et des entrées permettant un accès, ce qui rend la vie plus difficile pour Wafika et Taha. (...)

La mobilité réduite n’est qu’un des défis que la famille doit relever pour s’occuper de ses enfants. Bien qu’elle reçoive une aide financière mensuelle du HCR, la famille vit avec 376 dollars par mois et a du mal à joindre les deux bouts.

L’Égypte accueille actuellement plus de 244 000 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés. Plus de la moitié viennent de Syrie et la plupart sont considérés comme très vulnérables. Près de 85 % des ménages ne disposent pas des ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins quotidiens et ont souvent recours à l’emprunt auprès de voisins et d’amis.

Confrontée à de multiples défis, Maysaa fonde ses espoirs sur la réinstallation de Wafika et Taha dans un pays tiers où ils pourront trouver les soins spécialisés dont ils ont besoin.

« Ils ont besoin de personnel soignant expérimenté. »

Le HCR dispose de ressources limitées pour fournir des soins spécialisés aux personnes handicapées en Égypte et de nombreux réfugiés considèrent donc la réinstallation comme leur seule option.

« Ils ont besoin de personnel soignant expérimenté et de centres communautaires spéciaux qui peuvent les aider », ajoute-t-elle, angoissée de ne pas pouvoir répondre à leurs besoins qu’on remarque aisément. « Ils sont une partie de mon âme. Je leur donnerais mes yeux si je pouvais. » (...)

En 2017, on comptait 19,9 millions de réfugiés relevant de la compétence du HCR dans le monde, dont 1,2 million avaient besoin d’être réinstallés. Or, près de 75 200 places de réinstallation ont été mises à disposition, soit 54 % de moins qu’en 2016 (163 200).

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 Le déficit de financement met en péril une réponse humanitaire vitale pour les réfugiés et les déplacés internes syriens- ( conférence de presse du 11 septembre 2018 au Palais des Nations à Genève.)

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est de plus en plus préoccupé par le grave déficit de financement qui menace l’action menée aux côtés de ses partenaires pour venir en aide aux millions de réfugiés et de déplacés internes syriens. (...)

En matière de programmes jugés essentiels et visant la protection, la santé, les abris et l’allocation d’espèces, la somme de 196,5 millions de dollars permettrait aujourd’hui au HCR de poursuivre ses programmes jusqu’à la fin de l’année en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Iraq et en Égypte.

Au total, la région compte plus de 5,6 millions de réfugiés syriens enregistrés dont 2,6 millions d’enfants et les besoins des familles sont immenses. En l’absence de soutien, les réfugiés désespérées se privent de soins de santé ou d’éducation.

Outre le financement destiné aux réfugiés, le HCR lance un appel de 73 millions de dollars pour contribuer à combler les besoins les plus sérieux et urgents des déplacés internes en Syrie. (...)

Sur le total de 270 millions de dollars, 44 millions sont nécessaires afin d’éviter la fin du programme des allocations en espèces attendue pour novembre. Toute cessation de cette assistance aurait des conséquences dévastatrices, notamment pour les familles réfugiées au Liban et en Jordanie, où respectivement, environ 68 % et 85 % pour cent de ces familles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Outre le maintien de l’accès aux services essentiels tels que les soins et la santé, ces fonds permettraient à plus de 456 000 réfugiés de continuer à payer leur loyer et satisfaire leurs besoins quotidiens.

Par ailleurs, 36 millions de dollars sont nécessaires pour atténuer l’impact de l’augmentation des coûts de santé. Sans ce financement, les familles réfugiées risquent de se trouver privées de services médicaux, y compris les plus élémentaires tels que la vaccination des enfants. (...)

Des financements urgents doivent également être trouvés pour maintenir les activités de protection les plus essentielles dans l’ensemble de la région, notamment l’appui pour l’obtention de documents d’identité, la protection de l’enfance, la prévention et la prise en charge des violences sexuelles et sexistes et l’assistance juridique. Les autres priorités identifiées sont notamment l’amélioration des conditions de logement précaires, le soutien aux moyens de subsistance, à l’autonomisation et à la résilience des réfugiés. (...)

La protection juridique, la prévention des violences sexuelles et sexistes, les abris d’urgence, l’aide élémentaire, les moyens de subsistance, la formation professionnelle et les services de santé comptaient parmi les activités prioritaires menées en Syrie et pour lesquelles un complément de financement est jugé urgent.

En 2018, le montant total des besoins de financement du HCR pour assurer la protection et l’assistance des personnes touchées par la crise syrienne s’élève à 1,97 milliard de dollars. À l’heure actuelle, 610 millions de dollars seulement ont été reçus, soit 31 % des besoins.

Par rapport à l’ensemble des besoins toujours non financés du HCR pour l’année 2018, les 270 millions de dollars requis d’urgence ne couvrent que les besoins les plus pressants et les plus essentiels des réfugiés et des déplacés internes syriens. ..(...)