
Le think tank Terra Nova rend public, mercredi 18 janvier, un rapport du médecin et chercheur Alain Fischer sur la recherche médicale en France, un état des lieux préoccupant assorti de nombreuses propositions. A 73 ans, ce spécialiste en immunologie et en pédiatrie, qui a présidé le conseil d’orientation de la stratégie vaccinale pendant la crise du Covid-19, vient d’être élu président de l’Académie des sciences pour 2023-2024.
Comment qualifieriez-vous la situation de la recherche médicale française ?
Elle est dans un état préoccupant. Quels que soient les indicateurs que l’on regarde, malgré leurs défauts, ils vont dans le même sens. Sur les publications scientifiques, par exemple, notre place mondiale a reculé du sixième au neuvième rang depuis 2005. L’Italie, la Corée du Sud nous dépassent. Le déclin est plus relatif qu’absolu : ce sont les autres qui progressent plus vite alors que nous restons sur un plateau.
Pour les contrats du Conseil européen de la recherche [ERC], attribués de façon très compétitive, les constats sont douloureux aussi. En sciences de la vie, il y a quinze ans, les chercheurs français en obtenaient plus que leurs homologues allemands. Désormais, c’est l’inverse. Et l’écart se creuse. (...)
baisse d’appétence des jeunes pour les métiers de la recherche. Ils sont moins nombreux à se lancer en thèse ou à poursuivre en postdoctorat.
Quelle serait la mesure la plus urgente ?
La priorité, c’est le financement. En 2020, nous avions tous de l’espoir avec la loi de programmation de la recherche. Mais l’effort financier est, en fait, très insuffisant. (...)
Ces moyens doivent servir à améliorer l’attractivité du métier en revalorisant les salaires, en offrant un meilleur environnement de travail – équipements, locaux… Un collègue qui travaille en France mais aussi en Suisse me faisait remarquer que, rien qu’à Zurich, ils disposent de quatre cryomicroscopes [utilisés pour imager les interactions entre molécules]. C’est autant que toute la France ! (...)