Au-delà des cas plutôt pathétiques d’Éric Woerth ou de Bernard Kouchner, on songe parfois à tous ces hommes publics capables de gâcher leur réputation et leur honneur pour quelques dollars de plus et quelques gyrophares en prime. La vraie question est : qu’ont-ils au juste dans la tête ? Le vrai mystère est : eux, déjà comblés ou méritants, comment, peuvent-ils être assez sots pour s’acharner à grappiller ainsi ?

(...) quand tout le monde danse autour du veau d’or, la vertu minimale qu’on attendrait des hommes publics prend la figure d’un héroïsme ringard.

Au demeurant, les liens sont devenus si étroits entre le monde des affaires et celui des cabinets ministériels – des hommes souvent issus des mêmes grandes écoles – que tous ces gens finissent par s’enfermer dans un univers totalement irréel.

(...) Ils finissent par se persuader, les sots, que leur valeur individuelle, la substance de leur être, leur poids humain véritable s’évaluent au nombre de zéros ajoutés sur un chèque. À leurs yeux, le seul étalon de mesure sérieux, c’est – avec l’argent – la capacité qu’on possède d’être malin. Et rapace.

(...) Une telle capitulation de l’esprit devant la pure quantité a quelque chose d’infantile. On pense à ces petits garçons comparant la longueur de leurs attributs en cour de récréation pour se sentir exister.

On accepterait d’en sourire, ou de s’en moquer, s’il n’y avait malgré tout ce petit détail : ces gens-là gouvernent le pays, sacrebleu !