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La nature n’a pas de morale, elle cherche l’équilibre
Article mis en ligne le 8 octobre 2017
dernière modification le 7 octobre 2017

Dix ans après son apparition, la pyrale blanche a peut-être trouvé ses prédateurs qui vont limiter la population de ce ravageur. Cet exemple inspire à notre chroniqueuse une réflexion sur la capacité de la nature à trouver les réponses à ses déséquilibres. Si on lui en laisse la possibilité.

(...) Les chenilles de la pyrale passent l’hiver dans leur cocon et deviennent chenilles en février-mars. Elles se précipitent alors sur les jeunes feuilles de buis au moment où celles-ci sont tendres à souhait. On en croise des files indiennes interminables quand on se balade dans nos forêts de montagne tout au début du printemps. Mais la pyrale a enfin trouvé son prédateur naturel, dix ans après son apparition : alors qu’on plaidait contre les produits à losange-rouge-point-d’exclamation qui tuent la pyrale mais aussi les abeilles, qu’on réfléchissait à les brûler, qu’on installait des sortes de gouttières circulaires pour les piéger, qu’on calculait ce que cela coûterait à la collectivité, c’est encore une mésange qui vient nous sauver. (...)

Comme souvent c’est une histoire de protéines, de gourmandise peut-être : la mésange s’intéresse de plus en plus près à ces nouvelles nourritures bien utiles à la croissance des petits ou à la fortification volatile d’avant migration. Sur la liste des convives, on retrouve également le pic épeiche ou les guêpes parasitoïdes. Et alors qu’elle cherchait des moyens de destruction, l’action des collectivités devient installation de nichoirs à mésanges, tandis que l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) organise le lâcher de trichogrammes, sorte de minuscules guêpes dont les larves dévorent les œufs de la pyrale, une parade déjà utilisée pour le maïs. En espérant que ces guêpes n’introduisent pas à leur tour de nouveaux déséquilibres…

Le prédateur n’est pas forcément l’ennemi (...)

Bien sûr, on se sent spontanément du côté de la gazelle assaillie par le lion, de la mouche qui se débat dans une toile d’araignée, du lézard sous les griffes de mon chat. Mais même les cafards ont leur utilité. Sûrement. Quand on appréhende la complexité d’un écosystème, on est souvent surpris. A la fois de la capacité de la nature à s’adapter, et de la capacité des « méchants » à rendre des services « gentils ». Parce que la nature ne connaît pas de morale, pas de manichéisme, juste des équilibres à préserver, des déséquilibres à corriger.
Mais il lui faut du temps, ce temps qu’on ne lui laisse pas avec le climat et les phénomènes d’emballement qui ont commencé. (...)