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La littérature, vecteur d’empathie depuis 5000 ans, change le monde
Article mis en ligne le 23 juillet 2016

Les vertus de la lecture sont à rappeler sans cesse : depuis plusieurs années maintenant, une approche curative de la lecture est même en vogue, la bibliothérapie.

Entre suspicion et enthousiasme, cette pratique repose sur des recommandations de lectures, plutôt que des cachets et des pilules. Une idée d’autant plus louable que de nombreuses études s’intéressent à l’incidence des livres sur la psychè. (...)

La bibliothérapie consiste avant tout à faire correspondre des livres avec des gens, dans des situations particulières. Les services proposés ne sont souvent pas ceux de thérapeutes formés, mais de lecteurs avisés, qui ont choisi de se consacrer à une approche adaptée. Connecter les gens aux livres, pour écrire de nouvelles histoires, l’intention est louable.

Une étude présentée dans Trends in Cognitive Sciences semble abonder dans le sens des bibliothérapeutes. Menée par Keith Oatley, professeur émérite à l’université de Toronto, elle détaille une fois de plus les liens entre fiction et empathie. Kierkegaard parlait d’une « communication indirecte », que l’on appliquerait sans peine à la lecture. Tout en restant immobile, le lecteur se prend dans un univers fictionnel, qui lui donne le sentiment de suivre un chemin qu’il s’approprie.

Emporté, pour le meilleur, dans la simulation fictionnelle

Mais que la fiction ouvre des portes émotionnelles, voilà bien longtemps que ces conclusions s’imposent. « À la lecture d’un extrait de littérature artistique, les gens ont tendance à éprouver des émotions, mais pas celles des personnages littéraires, qui sont des êtres abstraits. Les émotions sont celles des lecteurs, pris dans la simulation qu’ils sont en train de vivre. Par contraste, quand les gens lisent ou entendent des récits construits pour persuader, leurs sentiments et conclusions tendent à être celles avancées par l’auteur », indique l’étude.

En somme, on palpite toujours plus avec la fiction, et cette dernière enrichit le quotient émotionnel – de là l’importance de pouvoir accéder au livre dès le plus jeune âge. C’est à ce point que l’étude arrive : elle constate que l’empathie a connu une croissance dans de nombreux pays, représentant l’un « des changements politiques les plus marquants de 5000 dernières années. L’une de ses conséquences a été la reconnaissance des droits d’autrui, même lorsque ces autres appartiennent à des cultures différentes ».

Pour l’auteur de l’étude, c’est l’apparition de la fiction qui a permis ces changements sociétaux – mettant en perspective plus largement le pouvoir de la lecture. Simplement parce que les changements intervenus découlent de ce que les livres ont apporté à leurs lecteurs. (...)

La bibliothérapie, en ce qu’elle mettra les lecteurs en relation avec des œuvres susceptibles de les enrichir plus encore ne cessera pas de prendre de l’importance dans nos structures contemporaines. Répondre aux tristes nouvelles du quotidien, au deuil, aux coups durs de la vie – autant que permettre de jouir plus encore de moments de bonheur... – voilà une belle vie pour les livres.

« Une œuvre de fiction est un morceau de conscience qui peut passer d’un esprit à l’autre, et que le lecteur peut s’appliquer à lui-même » (...)