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"La littérature jeunesse est un rempart contre toutes les discriminations"
Article mis en ligne le 22 mars 2014
dernière modification le 19 mars 2014

Gaël Aymon, de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, est intervenu hier, au cours de la conférence donnée par le Conseil Permanent des Écrivains, pour évoquer une grave problématique. Ces derniers mois, et même, au cours de l’année passée, la littérature jeunesse a subi les foudres de groupes accusateurs. « La nouveauté ne réside pas dans le contenu des attaques, mais dans l’éclairage qu’ont offert notamment des hommes politiques de premier rang », notait-il hier. Avec son autorisation, nous reproduisons aujourd’hui le texte de son intervention.

Depuis le printemps dernier, en gros depuis le « Mariage pour tous », les professionnels de la littérature jeunesse ont pu sentir une montée progressive des mises en causes de certains ouvrages, jusqu’aux récentes polémiques politiciennes.

Ce sont : des auteurs pris à partie sur leurs blogs, des libraires menacés, des ouvrages saccagés dans les Fnac, des bibliothécaires sommés de justifier leur politique d’acquisition, des éditeurs mis sous pression et des pages Facebook du Printemps Français pour tous et de mouvances religieuses ou politiques les plus sympathiques, fleurissant autour de livres abordant de près, ou parfois de très loin, les thèmes de la sexualité, l’homosexualité, l’homoparentalité et, plus généralement, la mixité et l’égalité fille-garçon.

La nouveauté ne réside pas, pour nous, dans le contenu de ces attaques, qui sont portées de façon chronique et récurrente contre la littérature jeunesse, mais dans le relais dont elles ont bénéficié, jusque dans les propos d’hommes politiques de premier rang.

Ces polémiques ont aussi mis en évidence un isolement de la littérature jeunesse. Peu ou pas d’auteurs, ni d’éditeurs, de littérature générale pour s’émouvoir de ce que cette mise en cause des livres jeunesse représentait une attaque en règle contre tous les livres. De même, peu de réactions dans le monde de la culture ou dans les sphères les plus hautes du gouvernement. On commence pourtant très souvent par pointer du doigt les livres jeunesse pour mieux s’attaquer ensuite à tous les autres. Par cibler certains thèmes, ici l’égalité des sexes, avant de se pencher sur tous les autres.

La littérature jeunesse française a une diversité et une richesse uniques. Aujourd’hui que le soufflé médiatique semble retomber, la crainte de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et d’une grande partie des professionnels du secteur est de voir s’opérer un glissement insidieux vers une littérature jeunesse à l’anglo-saxonne, sans prise de risque, n’abordant aucun sujet délicat ni thème de société. Une littérature dédiée au divertissement, sans fond, ni ambitions autres que commerciales.

"On commence très souvent par pointer du doigt les livres jeunesse pour mieux s’attaquer ensuite à tous les autres" (...)

la Charte souhaite solliciter le Ministère de l’Education Nationale afin d’engager une réflexion conjointe sur le développement d’outils pour une meilleure utilisation pédagogique, pour une bonne utilisation et une véritable connaissance de la littérature jeunesse. Et ne plus permettre de voir remettre en cause notre liberté de création par des personnes dont l’ignorance en la matière trahit le plus simple mépris, non pas de nos ouvrages, mais de la jeunesse.