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Non-Fiction
La gouvernance Macron, entre « extrême centre » et gilets jaunes
L’entreprise Macron Rémi Lefebvre Bernard Dolez Julien Fretel Presses universitaires de Grenoble (PUG) , 274 pages
Article mis en ligne le 25 juin 2019
dernière modification le 24 juin 2019

Trois tentatives de mise en perspective de la "manière de gouverner" macronienne et de sa crise actuelle.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée il y a deux ans, le temps de l’analyse politique semble avoir toujours un temps de retard sur les événements – la crise des « gilets jaunes » ayant éclaté à peine 18 mois après sa prise de pouvoir, sans bénéficier d’un « état de grâce » d’une année pleine. Le commentaire politique, qui sature les colonnes des journaux et les antennes radio et télévisuelles, continue, tel un hamster dans sa cage, sa rengaine trop bien connue mais ne semble plus tellement écouté ni particulièrement légitime. En effet, par paresse ou par conformisme (et parfois les deux « en même temps »), aucun éditorialiste n’a véritablement vu venir le « séisme politique » (pour reprendre leurs expressions par trop spectaculaires) des élections présidentielles et législatives de 2017…

Or, en cette année 2019, outre des pamphlétaires en « début de carrière » – le téméraire Juan Branco semble l’embrasser avec envie…–, de premières analyses politiques de fond se font (enfin ?) jour, de la part de commentateurs prenant un peu de recul sur la situation de la « gouvernance » du pays, ce mot semblant plus pertinent pour analyser le « macronisme » au pouvoir, tant les seules réalités institutionnelles et gouvernementales ne sauraient suffire à la compréhension des enjeux. (...)

Tout d’abord, sous la direction de Bernard Dolez, de Julien Fretel et de Rémi Lefebvre, une équipe de politistes plutôt critiques s’est penchée sur L’entreprise Macron dans un ouvrage collectif qui, par ses enquêtes et ses analyses, entre dans le fond des enjeux à la fois électoraux et partisans mais également sociologiques et économiques.

De manière moins attendue, l’historien de la Révolution française Pierre Serna nous offre un essai saisissant sur la généalogie de L’extrême centre ou le poison français 1789-2019 – dont il considère que Macron est le dernier avatar, voire le précipité le plus chimiquement pur –, cette idéologie dont il a déjà retracé les origines dans son livre (remarqué et remarquable) La République des girouettes, 1795-1815 et au-delà. Une anomalie politique : la France de l’extrême centre . Il s’agit donc du prolongement d’une grille de lecture de l’histoire politique française appliquée au temps présent.

Enfin, de manière plus attendue mais non moins pertinente, le journaliste Edwy Plenel, fondateur de Mediapart – et qui a fini par devenir, à ce titre et faute de combattants (notamment de la part de partis politiques dits « traditionnels », laminés), peut-être le principal opposant à la politique menée par le président de la République – lance un nouveau pavé dans la mare avec la publication de son dernier essai La victoire des vaincus à propos de la désormais célèbre « crise des gilets jaunes ». Dans l’esprit de l’ancien enquêteur puis rédacteur en chef du Monde, cette situation politique de révolte apparaît clairement comme une conséquence logique de la gouvernance macronienne et de son rejet des « corps intermédiaires », ce que Plenel assimile à une politique de classe.(...)

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