Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
ActuaLitté
La dématérialisation, un "idéal ascétique de détachement et de dépouillement"
réflexion sur la dématérialisation du livre.
Article mis en ligne le 14 août 2013
dernière modification le 9 août 2013

« On reproche à Internet exactement ce qu’on reprochait à l’invention de l’écriture : de faire perdre la mémoire vive en la stockant sur des disques durs, de singer les savoirs par des copier-coller, de rendre l’esprit paresseux et imposteur, et, au fond, de tuer la culture vivante par une sorte de barbarie aliénée à la machine »

le numérique n’est la fin ni de l’écrit, ni du livre.

Il n’est pas une révolution, mais une évolution rapide et spectaculaire. L’écriture manuscrite deviendra une discipline artistique et aristocratique, comme la calligraphie, mais l’écrit numérique explose tous azimuts, avec ses abus et ses excès. Le livre papier, de même, deviendra un objet rare, d’abord bradé, puis jalousement conservé par les bibliothécaires et les antiquaires, comme cela se faisait déjà des vieux livres et des manuscrits. Internet remplacera le papier, comme l’imprimerie a remplacé les parchemins.

Il restera toujours une écriture et des livres sacrés, très marginaux, comme ces scribes qui continueront à écrire à la main les rouleaux de la Torah. Mais l’écriture profane s’intégrera au multimédia, avec toute sa place, sans doute défigurée aux yeux des nostalgiques d’une culture aristocratique. De même, le livre classique, broché ou relié, fera place aux supports virtuels sur écrans, quitte à ce que ceux-ci poussent la coquetterie jusqu’à imiter au mieux le support papier... (...)

N’oublions pas que les précédents supports ne garantissaient pas une transmission sans faille. Bien des mythes ont été oubliés par la tradition orale. Bien des bibliothèques de livres et parchemins incunables ont brûlé, nous laissant orphelins, par exemple, de la majorité des textes de l’Antiquité gréco-romaine. Alors, on peut bien se faire peur avec la grande panne informatique qui effacerait toute notre mémoire stockée... D’abord, avec la toile, les lieux de stockage privés et publics sont innombrables ; il n’est que de voir la quantité faramineuse de copies, et de copies de copies, qui circulent sur le Web. Difficile d’imaginer que tout s’efface partout en même temps, sauf scénario de fin du monde. (...)