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La culture européenne, culture de l’échange
Article mis en ligne le 14 septembre 2017
dernière modification le 13 septembre 2017

Que nous, citoyennes et citoyens européens, peinions à construire l’Europe de nos vœux, cela va sans dire. D’autant que nous ne pouvons plus nous contenter de ce que l’Europe crut être longtemps : le sol de l’universel et le méridien du beau, du bien et du vrai, des Lumières et du progrès, des droits de l’homme. Or on ne saurait se résoudre, non plus, à céder à l’air du temps, peu favorable (c’est le moins qu’on puisse dire) à l’idée même d’Europe.
Alors, comment penser l’Europe (et non seulement l’UE) ? Suffira-t-il, comme beaucoup le croient encore, de scander des références soi-disant communes pour forger un esprit européen ? Et quelles références ? Certes, une tradition se construit, mais devons-nous construire n’importe quoi afin de donner aux uns et aux autres des motifs d’adhérer à cette idée ? Avec sa Brève histoire culturelle de l’Europe, l’historienne Emmanuelle Loyer s’attache à répondre à ces questions, dont nous proposons ici une lecture cependant plus philosophique qu’historienne.

Une histoire culturelle

Plutôt que de s’enfermer dans une idéologie du commun que l’on se forcerait à rendre crédible par des références empilées – la culture européenne serait la somme de l’héritage des Grecs, des Romains, de la chrétienté, des Lumières, de l’athéisme, etc. – ou plutôt que de s’enquérir d’une identité toujours pensée comme essence, uniformité et homogénéité, mieux valait sans aucun doute affronter le problème autrement. L’historien Christophe Charle a indiqué jadis des pistes à suivre. Entre autres, il indiquait une orientation centrale : l’idée même d’Europe a varié en extension comme en compréhension, au moins durant les deux derniers siècles.

Mais cela ne suffit pas. Une telle histoire de l’Europe doit être culturelle, ce qui ne signifie pas qu’elle ne s’intéresse qu’à la culture. Mais elle ne peut se contenter d’un récit des successions royales ou des guerres, sur le mode de l’histoire antérieure, celle des pouvoirs officiels. Elle doit thématiser les événements en fonction de paramètres culturels : la ville, les spectacles, les mœurs, les sensibilités, les échanges, les traductions, etc. Elle doit mettre en scène, sans les négliger, les tensions, contradictions, les décalages, les discordances entre les cultures en Europe. Elle doit encore se confronter à des modernités différentielles. Elle doit enfin inscrire, désormais, l’Europe dans la mondialisation.

C’est peu dire que le chantier est à la fois délicat à aborder et tentant. Professeure à Sciences Po, l’historienne qu’est Emmanuelle Loyer en assume les objectifs et les enjeux. (...)