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Huffington Post
La culture, dernier rempart à la « dédiabolisation » du RN ?
#RN #culture #lesdeferlantes
Article mis en ligne le 16 janvier 2023
dernière modification le 15 janvier 2023

Les Déferlantes s’éloignent de Perpignan : la culture, dernier rempart à la « dédiabolisation » du RN ?

Le coup de pression mis par les groupes Indochine et Louise Attaque montre qu’une partie du secteur reste hermétique à l’évolution revendiquée par le RN. (...)

Dans un communiqué diffusé mardi 10 janvier, le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, ne cachait sa colère après la décision des organisateurs du festival Les Déferlantes de chercher un autre lieu après les menaces formulées par les groupes Louise Attaque et Indochine, qui n’avaient pas signé pour se produire dans la ville lepéniste, mais dans la commune voisine de Céret.

Si, officiellement, les deux célèbres groupes de rock francophone justifient leurs positions par le fait d’avoir été mis « devant le fait accompli », l’étiquette politique du maire de la ville est néanmoins citée dans les deux communiqués. Ce qui, dans le monde politique, a tout de suite été perçu comme un boycott assumé par les formations de Gaëtan Roussel et Nicola Sirkis.

« Quand on est artiste, on ne fait pas de la politique, on ne trie pas les gens qui viennent à ces concerts en fonction de leur opinion politique », s’est par exemple emporté le président du RN Jordan Bardella, oubliant au passage que le parti qu’il préside n’est pas le dernier à s’ingérer dans les affaires culturelles.
Interventionnisme culturel

Quelques exemples. Été 2010, Frédéric Bocaletti (aujourd’hui député RN du Var) demande au festival du Château à Solliès-Pont de déprogrammer la rappeuse Diam’s. En juillet 2014, le maire FN du Luc-en-Provence fait annuler un festival électro. Un an plus tard, le Front national fait pression pour annuler un concert de Maître Gims en Moselle. Et il n’y a pas que sur les musiques actuelles que le RN souhaite imposer ses goûts.

Au mois d’octobre, le député RN Jean-Philippe Tanguy a déposé un amendement pour exclure les mangas du Pass culture mis en place pour les jeunes. L’élu d’extrême droite souhaitait à travers ce texte « réorienter l’utilisation de ce Pass vers la littérature, le théâtre, les musées ou les concerts de musique classique ». Autant établir une liste des œuvres autorisées.

Un interventionnisme culturel qui, forcément, n’arrange pas l’image du RN au sein du secteur, bien que la polémique des Déferlantes reste finalement exceptionnelle. Parce que ce n’est pas n’importe qui à la manœuvre. (...)

« Combien de festivaliers se posaient la question du nom du maire de la ville ? Peu, je pense », poursuit Nico Prat, qui juge « souvent bien timide, voire absent », l’engagement contre le RN chez les artistes.

Principe de réalité

Une sorte de silence confortable confirmé localement au HuffPost par un observateur privilégié du milieu culturel perpignanais, qui rappelle que le cas des Déferlantes peut offrir une autre grille de lecture que celle du « sectarisme » dénoncé par le RN. Et pour cause, Fabrice Lorente ancien président de l’université de Perpignan-Via-Domitia, aujourd’hui codirecteur de l’entreprise organisant Les Déferlantes, n’a finalement pas eu de mal à toper avec Louis Aliot pour trouver un point de chute à son Festival. (...)

« Si les milieux culturels, quand il s’agit de Louise Attaque ou Indochine, expriment une résistance, on voit qu’au niveau local, c’est-à-dire au fond à l’échelle de la victoire électorale, les élites culturelles peuvent s’accommoder avec le RN », observe notre interlocuteur, soulignant que les responsables d’événements culturels locaux, souvent issus de la fonction publique, sont bien obligés pour survivre de travailler avec le vainqueur électoral.

En outre, le festival International du Photojournalisme, « Visa pour l’image », se tient toujours dans la cité catalane et ce malgré l’installation d’un historique du Front national à l’Hôtel de Ville. (...)