
Trois confédérations syndicales ont finalement boycotté la « grande conférence sociale » annuelle, lancée par François Hollande depuis son élection. La CGT et FO ont annoncé qu’elles ne participeraient pas à la seconde journée de réunion, ce 8 juillet. L’Union syndicale Solidaires avait déjà décidé de ne pas s’y rendre. Pour quelles raisons ?
« La liste est longue », répond Eric Beynel, nouveau porte-parole de Solidaires, qui revient sur le bilan de deux ans de mandat socialiste et présente les mobilisations à venir contre les traités de libre-échange et les nouvelles vagues de dérégulation en cours de négociation. Entretien. (...)
En 2013, la conférence sociale a pour sujet central les retraites. Il s’en est suivi une contre-réforme avec l’augmentation de la durée de cotisation à 43 ans. Le seul élément un peu positif a été la mise en place du compte pénibilité qui permettrait aux salariés travaillant dans des conditions pénibles, comme le travail de nuit, de partir en retraite un peu plus tôt. Or, ce compte pénibilité vient d’être remis en cause par le gouvernement, qui cède aux injonctions du Medef ! En 2014, cette conférence sociale apparaît surtout comme une mise en musique de la symphonie du Medef.
Nous avons donc décidé de ne pas jouer les chœurs d’accompagnement. (...)
Contrairement à la présidence Sarkozy, nous sommes reçus par le gouvernement. Mais nous constatons une fermeture du débat et des mesures opposées à toute politique sociale. C’est un vrai gouvernement néolibéral. Il ne nous semble pas que ce soit pour cela que Hollande a été élu. Une partie de la majorité s’en rend compte. Donc oui, la question mérite d’être posée. (...)
Depuis plusieurs mois, syndicats et organisations non gouvernementales mènent campagne dans le cadre du collectif Stop Tafta. Les 20 et 21 septembre, nous aurons d’ailleurs une réunion à Paris pour préparer une mobilisation nationale. Le premier enjeu, c’est de sortir ces négociations de la confidentialité dans laquelle les gouvernements souhaiteraient qu’elles demeurent. Lorsque la vérité éclate sur ces négociations, cela déclenche des mobilisations. Ensuite, il s’agit de révéler les dangers que ces projets d’accords recèlent pour les peuples européens et américains. Attention à ne pas opposer les populations entre elles, la cible, ce sont bien les multinationales. Car ces traités visent à remettre en cause les normes sociales et environnementales existantes. (...)
Il ne faut pas se tromper d’objectif. Notre rôle consiste à combattre les stratégies du capitalisme financier et des multinationales qui font fi des frontières, que ce soit par le dumping social ou l’évasion fiscale, pour leur seul profit. Nous défendons la mise en œuvre de mécanismes de régulation, qui s’appuient sur le droit international, pour que ces profits soient partagés. Le patriotisme économique n’est donc pas une notion portée par Solidaires. (...)