
En ce moment, la Grèce n’a pas bonne presse. Les grecs ne veulent plus obéir docilement aux injonctions de l’Union Européenne, les grecs ne veulent pas mourir en silence, asphyxiés par l’austérité néolibérale et cette attitude déplaît. Les grecs ne sont bientôt plus fréquentables, on leur montre la porte de sortie ; et les médias nous dressent à longueur de temps un horrible portrait du grec moyen : un métèque irresponsable qui s’est gorgé au soleil de subventions européennes pendant des années sans préparer l’avenir. Le grec moyen est un mélange de grec fraudeur, de grec exonéré d’impôts, de grecs profiteur, de grec fonctionnaire surpayé, de grec privilégiés, etc . . .
Le grec moyen, monstre statistique hybride, n’existe pas. Il existe d’autant moins que la Grèce reste un pays très inégalitaire ( l’un des plus inégalitaires de l’Union Européenne), marqué par des disparités de fortune et de revenus particulièrement criantes. Les grecs ne sont pas tous frappés de la même façon par la crise et les restrictions budgétaires ; ils ne sont pas non plus, pour la plupart, responsables de l’aggravation de la dette publique de leur pays.
(...) Pour la grande majorité des commentateurs et des politiques en place, la Grèce doit payer sans sourciller et aux conditions fixées par ses partenaires européens. Le peuple grec doit expier les fautes des gouvernements corrompus ( corruption reconnue par Papandréou lui-même) qui se sont succédé à la tête du pays et payer notamment pour les armateurs grecs qui sont, eux, des privilégiés exonérés d’impôt. Il doit rembourser avec intérêts les emprunts contractés pour les commandes d’armement passées auprès de sociétés allemandes ou françaises. Il doit en bref continuer à se saigner pour une petite oligarchie européenne transnationale.
C’est la doctrine du « marche ou crève » ou plutôt en l’occurrence du « marche et crève ». (...)
Le peuple grec qui n’est pas tout à fait fou sait fort bien que ce sont les deux principaux partis politiques du pays ( le PASOK et la Nouvelle Démocratie ), acquis aux thèses libérales et partenaires vertueux de l’UE , qui sont les premiers responsables de la crise actuelle. Aujourd’hui, avec un certain courage et une lucidité retrouvée, il préfère se tourner vers le parti de la gauche radicale Syriza plutôt que vers les formations d’extrême droite comme « Aube dorée ». Et ceci inquiète beaucoup tous les créanciers et tous les économistes orthodoxes de l’Union Européenne (...)
Le peuple grec ne sera ni entendu, ni écouté. il n’y a pas d’alternative à la politique du PASOK et de la Nouvelle Démocratie. Quand on ne fait pas la différence entre un fonctionnaire et un armateur il n’est pas surprenant qu’on puisse rejeter dans un même élan de créancier outragé parti de gauche radicale et parti nazi.
Bernard Cazeneuve, le ministre des Affaires Européennes, n’a pas jugé opportun de recevoir cette semaine Alexis Tsipras, le représentant de la gauche radicale Syriza, de passage en France.
On dirait vraiment que nos grands démocrates attendent avec impatience le retour des colonels .