
Les attaques contre le système de santé et contre l’hôpital public sont anciennes, mais deviennent ces dernières années particulièrement violentes. C’est notamment le cas de l’AP-HP, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, qui sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy a été victime d’un plan de réorganisation, lequel a conduit à la supression de plus de 4000 emplois en 4 ans.
Le gouvernement change, mais pas la politique ni les hauts-fonctionnaires
(...) que ce soit la loi Bachelot ou les hauts-fonctionnaires, aucune remise en question ni aucun changement n’est intervenu depuis l’élection des socialistes. François Hollande n’a pas stoppé cette politique de démantèlement. La directrice de l’AP-HP, Mme Mireille Faugères, a été maintenue dans ses fonctions et a, de facto, gardé la même feuille de route que sous le gouvernement Fillon. Auparavant cadre de la SNCF, c’est elle qui, à l’époque, avait participé à sa privatisation. Ancienne élève d’HEC, elle est membre du Comité Directeur de l’institut Montaigne : un think-tank [1] financé par des entreprises privées qui livre son « expertise » sur les politiques publiques, en défendant l’ultralibéralisme. Cela donne le ton du « management » qu’elle peut mener à l’AP-HP. (...)
Le service des urgences de l’Hôtel-Dieu subit en particulier une pression d’une rare violence : le but est clairement de mettre le personnel en difficulté afin de le faire « craquer ». En supprimant les astreintes de chirurgie et les gardes de radiologie en novembre 2011, sans compter le départ des services d’analyses biologiques en 2010, le service fonctionne quasiment sans plateau technique, faisant courir des risques quotidiens aux patients et faisant vivre une pression constante aux soignants.
En mai dernier, par la presse, le personnel de l’hôpital a appris la fermeture définitive de ses urgences prévue pour le 4 novembre 2013. Pour avoir pris position contre cette fermeture dans les médias et s’opposant ainsi à sa hiérarchie, le Dr. Gérald Kierzek responsable des urgences, a été démis de ses fonctions durant l’été. Et les déménagements de machines et de matériels médicaux se sont multipliés.
Face au mépris affiché de la direction de l’AP-HP, au silence retentissant de la ministre de la santé, aux pressions et à la répression financière de la direction de l’hôpital, et afin d’empêcher ce déménagement forcé du matériel, le personnel a décidé d’occuper physiquement les urgences.
Depuis le 3 septembre, les pompiers ont reçu la consigne de ne plus orienter de patients vers l’hôpital. « Le but est simple : réduire l’Hôtel-Dieu à une coquille vide pour plaider ensuite l’insuffisance d’activités et de moyens. Pour dire ensuite qu’une fermeture totale s’impose d’elle-même » explique le Dr. Kerziek.
Une opération immobilière juteuse en toile de fond
L’emplacement de l’Hôtel-Dieu et son architecture attirent les convoitises. Situé près du parvis de Notre-Dame, un flux de près de 13 millions de touristes par an et plus de 750 000 voyageurs par jour passe devant.
Les villes de Marseille et de Lyon possédaient chacune à une époque leur Hôtel-Dieu. Ces derniers seront désormais transfomés en hôtels de luxe. L’Hôtel-Dieu de Paris serait donc une affaire juteuse pour des investisseurs privés. (...)