Les stations de sport d’hiver luttent désespérément contre la diminution inexorable de l’enneigement. Et, quand la neige manque carrément et que les canons ne suffisent plus, on va jusqu’à chercher de la neige par camions, raconte l’auteure de cette tribune.
(...) Toute une industrie est menacée de faillite quand la neige fait l’école buissonnière. Impossible de skier, donc, même à 2.000 mètres d’altitude. Adieu ski, touristes, location de matériel, chiffre d’affaires pour la restauration d’altitude ; adieu revenus pour les saisonniers des remontées mécaniques et les moniteurs de ski, vente vestimentaire et location immobilière. La neige fait vivre toute une station pour l’année et son absence inquiète l’ensemble des acteurs économiques ainsi que la commune du Grand-Bornand, qui investit lourdement chaque année dans cette activité : une bonne centaine de canons à neige alimentés par deux lacs artificiels, une remontée couverte avec tapis roulant de 200 mètres (un nouvel investissement de 1,7 million d’euros en 2016), de nouvelles routes d’accès, la création de nouvelles pistes impliquant d’importants terrassements, sans oublier la modernisation des équipements des remontées mécaniques.
Des camions-bennes tout terrain
Pour ouvrir au moins quelques pistes aux skieurs et assurer l’amusement des plus petits, on ne lésine pas sur les moyens. Des camions-bennes tout terrain emplis de neige se sont succédés du mercredi 14 décembre au lundi 19 (hors week-end) toutes les cinq minutes pour livrer leur précieuse marchandise au pied des pistes — à 1.300 mètres — et à mi-hauteur, à 1.600 mètres. La rotation démarre au lever du jour et ne s’achève qu’à la tombée de la nuit. La neige est récupérée dans la vallée toujours ombragée et glacée du Grand-Bornand, à une petite quinzaine de kilomètres ou trente minutes de camion. Cet exercice a requis au minimum 12 camions.
Outre son caractère coûteux et anti-écologique, ce défilé génère une pollution atmosphérique malvenue d’autant plus que les vallées annéciennes sont en alerte pollution au niveau rouge depuis plus de huit jours et que la région Rhône-Alpes a imposé la limitation de vitesse sur l’ensemble de la région.
Quelle est la perspective de ce modèle économique ? C’est le troisième Noël successif sans neige que connaîtra la station du Grand-Bornand. (...)