Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Paris s’éveille
La Voix des Sans-Papiers : marche européenne
n°8
Article mis en ligne le 18 mai 2012
dernière modification le 16 mai 2012

Du 2 juin au 6 juillet prochains, de Bruxelles à Strasbourg (arrivée prévue le 2 juillet), du siège de l’exécutif à celui du parlement européens, en passant par Maastricht, Schengen, la Belgique, la Hollande, la France, l’Allemagne, la suisse et l’Italie, se déroulera la Marche européenne des sans-papiers et migrant-e-s. Ci-après l’interview d’Anzoumane Sissoko, coordinateur de la Csp75, qui a proposé cette marche aux collectifs des autres pays.

Sur les routes d’Europe retentira la voix des sans-papiers ! (...)

C’est un fait que les pays européens ont chacun leur propre politique d’immigration ; c’en est un autre que ces politiques différentes sont conduites, dans chaque pays, en prétextant l’obligation de respecter les décisions européennes. La marche va dénoncer cette hypocrisie et porter au grand jour les nombreuses contradictions entre pays.

En France, la rétention administrative des sans-papiers peut arriver à 45 jours, en Belgique jusqu’à 18 mois ! En France, les demandeurs d’asile ne sont pas enfermés jusqu’à la décision sur leur dossier, en Allemagne oui. Et ainsi de suite, la liste est longue, et pas toujours aussi flatteuse pour la France comme ces deux exemples… Dans les pays traversés, nous allons faire un tour d’horizon comparatif pour marquer les différences, les contradictions des législations du droit des étrangers et de leurs mises en pratique.

À Bruxelles, au départ, nous allons poser le problème à la commission européenne, puis, à l’arrivée, demander au parlement de Strasbourg de prendre acte de toutes ces difformités  : lui demander de travailler à les résoudre selon un principe d’égalité des droits, et non d’une Europe « libérale » où nous ne servons, nous autres migrants et sans-papiers, que de variable d’ajustement économique. (...)

le droit de pouvoir quitter son pays et de s’installer dans un autre de son choix, est un droit universel proclamé dans la déclaration de 1948. (...)

Bien plus périlleux est aujourd’hui de traverser d’autres frontières, qui ne sont pas terrestres, mais mentales, sociales, économiques. Tout au long de la marche, ce sera cette notion de frontière au sens complexe et profond, que nous allons mettre au défi. Ce sont ces frontières-là que la marche va d’abord traverser. Pour que surgisse, vive et perdure, au coeur de l’Europe politique, un questionnement effectif sur les barbelés opposés par les États à l’égalité réelle des hommes.
(...)

Depuis de longues années nous marchons ainsi, collectivement, pacifiquement, inlassablement, déployant nos banderoles, nos slogans, nos chants, notre musique rythmée et nos tambours et notre demande de régularisation de tous les sans-papiers… C’est comme cela que nous occupons l’espace public et l’attention des passants, pour forcer à la réflexion. Et ce sera aussi ce que nous ferons tout au long de cette marche, partout où nous passerons. (...)

Pour le parcours français, il durera six jours, du 8 au 14 juin. Une première étape ira de Schengen à Florange. Schengen, c’est désormais le nom de l’espace juridique et policier européen anti-immigrés, surveillé par l’agence Frontex : nous y demanderons la suppression de cette agence responsable de milliers de morts et disparitions en mer de migrants afin de leur interdire les côtes d’Europe. Florange et Gandrange, j’ai déjà dit pourquoi. Verdun, c’est pour rappeler nos ancêtres, Africains et Maghrébins morts pour défendre ces démocraties qui, aujourd’hui, nous rejettent, nous sans-papiers et migrants leurs descendants. Metz, pour y manifester devant le CRA et la préfecture, pour y clamer notre lutte contre la pénalisation des migrants sans-papiers, notre demande de fermeture de tous ces centres de retention administrative qui ne sont en réalité que d’indignes prisons pour étrangers.

Mais notre marche ne s’arrêtera pas à Strasbourg, elle se prolongera en deux étapes. La première, sera de rendre la Coalition internationale des sans-papiers et migrant-e-s une structure permanente au niveau européen. La seconde, de travailler à la construction d’une véritable Internationale des sans-papiers et migrant-e-s, capable d’intervenir avec sa propre vision autonome dans les débats du mouvement des Forums sociaux et mondiaux sur les alternatives au capitalisme. Je peux annoncer d’ores et déjà qu’après la marche nous tiendrons, pour la première fois, une « université d’été des sans-papiers », dont le programme sera décidé fin mai à Bruxelles

Ebuzzing