
"Rien n’arrête une idée dont le temps est venu". Cette pensée de Victor Hugo va peut-être prendre toute sa dimension lors de la 66ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, car le temps est en effet venu que soit enfin prise en compte cette demande de reconnaissance de l’État palestinien.
Le 23 septembre, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, va soumettre devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, la demande officielle de la Palestine pour qu’elle devienne membre à part entière de l’ONU. " Une reconnaissance internationale de notre État, sur la base des frontières de 1967, en fera un État sous occupation. Cela va changer la formule juridique de notre situation", a déclaré le président de l’Autorité palestinienne.
La prochaine assemblée générale des Nations unies risque d’être un tournant capital pour le peuple palestinien, tant déçu depuis la fausse Paix des Accords d’Oslo en 1993. En effet, si l’ONU vote cette demande, l’Autorité palestinienne prendra fin pour devenir l’État de Palestine, et cela mettra aussi un terme au statut juridique d’observateur détenu par l’OLP aux Nations unies depuis 1975. Un État palestinien reconnu deviendrait la seule instance représentative pour tous les Palestiniens à travers le monde. A moins que ne soit adoptée une option minimale, celle de la reconnaissance de la Palestine comme état non-membre de l’ONU, à l’instar du Vatican, de Nioué ou des Iles Cook.
Plus de 120 États sur les 193 que compte l’ONU ont déjà fait savoir qu’ils soutiendraient cette demande, mais pour que la Palestine devienne effectivement le 194 ème État de l’Organisation des Nations unies, il faut qu’elle recueille d’abord l’accord des deux tiers des membres actuels, soit 129 voix. Ensuite, elle doit aussi obtenir du Conseil de sécurité * un vote favorable d’au moins 9 de ses 15 membres.
Bien des questions se posent alors :
Quelle sera alors la position de la France et de l’Angleterre membres permanents ?
Y aura-t-il un véto des États-Unis, bien que le président Obama ait annoncé vouloir la création d’un État palestinien, avant la fin de son mandat en 2012 ?
Quel sera le poids de la position hostile d’Israël à cette demande, alors que Benjamin Netanyahou a clairement déclaré : "La Cisjordanie est un pays pour les colons, pas pour l’Autorité palestinienne."
L’Autorité palestinienne ira-t-elle jusqu’au bout de sa démarche ?
Devant l’impuissance coupable des "grandes" nations qui ont toujours refusé de condamner la politique de colonisation d’Israël, la démarche palestinienne présente un double intérêt : les mettre face à leurs responsabilité et "réinternationaliser" le conflit, ce qui donnera davantage de visibilité à la Palestine auprès des institutions internationales.
Formidable occasion manquée que cette offensive diplomatique de grande envergure, n’ait pas été accompagnée par la Flottille de la Liberté II…
* Le Conseil de sécurité se compose de 15 membres, dont 5 membres permanents – Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni et 10 membres élus par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans : Afrique du Sud, Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Brésil, Colombie, Gabon, Inde, Liban, Nigéria et Portugal.