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P.0.L éditeur
La Mer à l’envers Marie Darrieussecq
Article mis en ligne le 6 octobre 2019

De la Méditerranée à la frontière mexicaine, le sort des migrants interroge profondément les écrivains. Marie Darrieussecq et Valeria Luiselli expliquent pourquoi elles ont voulu faire de ces réfugiés des héros littéraires.

Je n’arrivais pas à écrire sur autre chose. Je me demande même comment il est possible aujourd’hui d’écrire sur autre chose... » explique Marie Darrieussecq. Son dernier roman, La Mer à l’envers, met en scène avec gravité et humour une femme, parisienne, psychologue, mère de famille, dont l’existence ordinaire est soudain bousculée par sa rencontre au beau milieu de la Méditerranée avec un jeune migrant nigérien, prénommé Younès, qui aspire à rejoindre l’Angleterre.

« La migration de masse est LE grand événement contemporain. On y est confronté chaque jour, lorsqu’on allume la radio, lorsqu’on se promène dans Paris... C’est omniprésent autour de nous. Et les romanciers sont quand même là pour rendre compte du monde tel qu’il est. » La figure de l’exilé, du migrant en quête d’un refuge et d’une nouvelle vie s’impose dans plusieurs des fictions de la rentrée littéraire (...)

Rose, de bonne volonté mais candide et un peu maladroite, c’est moi, c’est vous, qui ne savons pas ce qu’il faut faire pour résoudre la question des migrants. L’année suivante, je suis allée au Niger, invitée par l’Institut français, avec l’intention précise d’y rencontrer ceux qu’on appelle les “migrants échoués” : des personnes originaires de l’Afrique de l’Ouest, Ghanéens, Nigérians, Ivoiriens... refoulés de Libye et d’Algérie. Ils ne disposent pas des quelques dizaines d’euros qui leur permettraient de rentrer chez eux, alors ils restent coincés à Niamey. » Des entretiens, la romancière en a mené aussi plus tard avec les migrants survivant dans les campements de fortune de la porte de la Chapelle, à Paris. Ultérieurement, elle s’est également rendue à Calais. « L’idée était de préparer ce roman, mais le livre s’est retrouvé en quelque sorte paralysé par le réel. Par le personnage du migrant. Même la façon de l’appeler était, et demeure, compliquée : faut-il dire migrant, réfugié, exilé, demandeur d’asile ? On ne sait pas. Et, bien sûr, ne pas savoir nommer, c’est passionnant pour un écrivain, car cela signifie qu’on est dans une zone de silence...(...)